Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Donald Trump s’est fait élire en promettant de protéger les emplois des ouvriers Américains contre les délocalisations. Pour ça, il avait promis de déchirer l’accord de libre-échange avec le Mexique. Il vient de le faire !
Peu de monde l’avait pris au sérieux, c’était une erreur, Trump tient ses promesses. Il a annoncé ce lundi soir un nouvel accord avec le Mexique, plus favorable pour les salariés américains. L’ancien accord est déchiré. Nicolas Barré vous donne un exemple concret de ce que ça change: désormais quand les Mexicains voudront exporter une voiture aux États-Unis, il faudra que 75% de son contenu soit américain, l’acier, les pièces etc. Ça, c’est pour contrer les délocalisations. Il faudra aussi que cette voiture ait été fabriquée dans une usine au Mexique où les ouvriers sont payés au moins 16 dollars de l’heure, comme aux Etats-Unis. Et ça, c’est pour contrer le "dumping social". Voilà la méthode Trump. Le bras de fer, jusqu’à ce que l’autre finisse par céder. Trump va maintenant se tourner vers le Canada pour obtenir le même genre de concession. Et il y a des chances que ça marche.
La technique du bras de fer, ça marche avec le Mexique, peut-être demain avec le Canada. Mais franchement, est-ce que ça peut marcher avec un gros morceau comme la Chine ?
Trump en est persuadé. Il pense (et il l’a dit) qu’une guerre commerciale avec la Chine sera "bonne pour l’Amérique et facile à remporter". On pourrait penser qu’il bluffe. Sauf qu’il a un modèle : le Ronald Reagan de la guerre froide qui avait accéléré la chute de l’Union soviétique et transformé du même coup le paysage géopolitique. De la même manière, Trump considère la Chine comme l’ennemi économique numéro 1 des États-Unis et il veut la faire plier, réduire ses exportations, rééquilibrer les échanges et changer le paysage du commerce mondial. Le bras de fer avec les Chinois est plus rude qu’avec les Mexicains. Mais on constate que Pékin est en train de bouger pour éviter le pire, c’est à dire de se couper de certains marchés aux États-Unis.
Si la méthode Trump fonctionne, l’Europe devrait-elle s’en inspirer ?
Trump fait ce que l’Europe n’a jamais osé faire. Il dit aux Chinois : puisque vous pillez nos brevets, que vous copiez nos technologies, que vous inondez nos marchés de produits subventionnés, et bien on vous taxe. Le risque pour nous en Europe, c’est que les entreprises chinoises attaquent encore plus nos marchés puisque ce sera plus difficile pour elles de vendre aux États-Unis. C’est une bonne raison pour nous de durcir le ton vis-à-vis de Pékin. On n’est pas obligé de le faire comme Trump, mais on n’est pas obligé non plus de rester les bras croisés.
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