Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Une fois de plus, Elon Musk, le patron de Tesla, a surpris tout le monde : le constructeur de voitures électriques fait enfin des bénéfices.
C’est bien joué, personne ne s’y attendait. Tesla a dégagé 312 millions de dollars de bénéfices au troisième trimestre et annonce qu’il sera aussi rentable sur les trois derniers mois de l’année. Une performance. Tesla a considérablement réduit ses coûts de fabrication : il faut 30% d’heures de moins pour fabriquer la Model3, sa voiture d’entrée de gamme vendue 50.000 dollars aujourd’hui mais dont le prix sera ramené à 35.000 dollars dans six mois, a promis Elon Musk. En Europe, il faudra attendre l’année prochaine pour voir arriver des Model 3 qui doivent permettre à Tesla de changer de dimension, de passer d’un marché de niche au marché de masse.
Musk serait donc en train de réussir son pari ?
Effectivement et le plus intéressant dans cette histoire, c’est ce qu’elle dit du capitalisme américain. Un capitalisme souvent critiqué pour son court-termisme, mais qui prouve qu’il a aussi le sens du long terme. Tesla est entré en Bourse il y a huit ans. Une éternité ! Les actionnaires ont vu les pertes s’accumuler de mois en mois. Avant de dégager ses premiers bénéfices, Tesla a brûlé 6,2 milliards de dollars de cash ! Plusieurs fois, l’entreprise s’est trouvée à deux doigts de la faillite. Mais les actionnaires et les créanciers ont continué à lui faire confiance. Et enfin, après huit ans d’aventure, ça paie. On pourrait dire la même chose d’Amazon, de Uber, de Netflix : tous ces succès récents du capitalisme américain ont commencé par produire un océan de pertes avant d’émerger. Quand on évolue comme Tesla dans un contexte de rupture technologique, il faut accepter l’idée que les bénéfices ne seront pas immédiats. Aux États-Unis, on trouve des capitaux privés pour y croire. En Chine, on trouve des capitaux publics pour ça. En Europe, on n’a souvent ni l’un ni l’autre.
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