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Les ministres des Finances, réunis ce mardi en visioconférence, ont décidé de mettre au point une taxe sur les géants du numérique d’ici à l’été prochain, que les États-Unis le veuillent ou non. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

L’Europe ne baisse pas les bras, elle prépare un nouveau projet de taxe Gafa pour l’été prochain.

C’est au fond le premier défi lancé à la future administration Biden, le premier test des Européens à l’égard du futur président américain. Les ministres des Finances, réunis ce mardi en visioconférence, ont décidé de mettre au point une taxe sur les géants du numérique d’ici à l’été prochain, que les États-Unis le veuillent ou non. Ils envoient donc un message clair à Joe Biden et lui mettent le marché en mains: soit vous vous mettez d’accord avec nous sur une taxe internationale, soit nous passons à l’acte et nous taxons les Google, Facebook et autres Amazon, car il n’y a pas de raisons que ces gagnants de la crise du Covid paient moins d’impôts que les autres.

Ça fait trois ans que ce projet de taxe Gafa traîne.

Oui et l’Europe ne veut pas que cela devienne un symbole de son impuissance. La Commission Van der Leyen est en place depuis un an jour pour jour. Elle a fait de la souveraineté européenne un marqueur mais encore faut-il qu’elle lui trouve un vrai contenu. C’est sans doute sur le numérique que les choses ont le plus avancé. Un Digital Services Act va être présenté dans les jours qui viennent pour réguler l’espace numérique. Ce texte poussé par Thierry Breton comprendra un volet taxe. Depuis septembre, le sujet fiscal est dans l’impasse car les États-Unis ont quitté les négociations en cours à l’OCDE autour d’un projet de taxe internationale. Bruxelles propose donc à Joe Biden de revenir à la table des négociations et donne jusqu’au mois de juin pour aboutir. Faute de quoi "l’Europe souveraine" montrera qu’elle existe, que ce n’est pas juste un slogan dans la bouche d’Ursula von der Leyen, et elle taxera pour de bon les Gafa.

Finalement, la crise du Covid fait bouger les lignes.

Ce thème de la souveraineté européenne n’a jamais semblé aussi pertinent. C’est vrai aussi en matière de médicaments, de recherche, d’industrie, de biens alimentaires etc. La crise pousse les pays européens à montrer leurs muscles et de fait, les lignes bougent au point que certains géants du numériques sont eux-mêmes en train de changer de pied et de se dire que leur intérêt est peut-être d’être soumis à une taxe internationale plutôt qu’à une multitude de taxes dans chaque pays. En poussant ce sujet de la taxe Gafa, l’Europe veut aussi montrer qu’elle n’est pas naïve vis à vis d’une future administration Biden a priori plus accommodante que Trump à notre égard. Avec Biden, le bras de fer sera plus poli, mais ça reste un bras de fer.