Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Ce n’est pas demain que les géants de l’Internet comme Google ou Facebook paieront les mêmes impôts que tout le monde. L’Europe pensait y arriver, le président Emmanuel Macron en avait fait un combat, il vient d’être trahi.
Et pas par n’importe qui, par l’Allemagne. Berlin se défile. Les pays européens devaient se mettre d’accord avant la fin de l’année, donc avant les élections européennes, sur une taxe sur les Gafa, les géants du numérique. Il faut savoir par exemple qu’en France, Facebook paie un million d’euros d’impôt sur les sociétés soit même pas de quoi financer une journée dans un hôpital public. Il faut savoir également que les petits pays d’Europe comme l’Irlande ou le Luxembourg ne veuillent pas d’une taxe sur les Gafa, c’est leur fonds de commerce de les attirer chez eux avec des impôts très bas. Mais l’Allemagne…
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Qu’est-ce qui explique ces réticences allemandes ?
La raison officielle est que Berlin ne veut pas d’une taxe conçue juste pour ces géants du Net au niveau européen. Ils veulent un régime qui s’appliquerait pour l’ensemble des pays développés, les pays de l’OCDE. C’est bien gentil mais ils rêvent. Il faudra des années pour y arriver, si on y arrive un jour. Il y a une autre raison: on a parlé de l’influence des lobbys en France après la démission de Nicolas Hulot mais c’est une blague à côté de l’influence du lobby de l’industrie automobile auprès de la chancellerie et d’Angela Merkel. Or l’industrie allemande est tétanisée par Donald Trump, elle craint les représailles si on est trop sévère avec les empires américains du numérique.
La France a-t-elle encore une chance de convaincre?
Emmanuel Macron arrive aujourd’hui au Luxembourg et il recevra Angela Merkel vendredi à Marseille. Ça fait deux occasions d’aborder le sujet. Mais vu comme c’est parti, les Gafga sont assez tranquilles. L’Europe avec 500 millions d’habitants (contre 325 millions aux États-Unis) est leur premier marché, c’est là qu’ils paient le moins d’impôts et ça risque bien de durer.
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