Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Après le vote de la réforme de la SNCF au mois de juin, le vrai chantier social commence pour l’entreprise publique et c’est un champ de mines.
Les syndicats ont certes capitulé face au vote massif du Parlement en faveur de la réforme. Mais maintenant, la SNCF entre vraiment "dans le dur". Son patron Guillaume Pepy va présenter aujourd’hui à ses cadres un nouveau pacte social pour l’entreprise. "Il ne peut pas y avoir de SNCF à deux vitesses", dit-il, "avec d’un côté les salariés sous statut et de l’autre les nouveaux embauchés". Un discours qui risque de faire bondir certains cheminots. Mais dans une même entreprise, ce n’est pas tenable d’avoir deux catégories d’employés. Le patron de la SNCF va donc leur proposer un "deal" inédit aux cheminots: on vous forme mieux à tous les nouveaux métiers qui apparaissent, notamment avec le numérique, car un tiers des métiers vont radicalement changer de contenu. Et pour ça, la SNCF va investir un milliards d’euros.
Et en échange ?
En échange, les cheminots devront accepter des ajustements dans leur statut, par exemple accepter de faire des métiers différents, ou que les progressions de carrière ne soient plus automatiques. Cet enjeu social est capital d’abord parce que l’entreprise publique voit arriver très vite des concurrents, que ce soit d’autres entreprises du secteur ferroviaire comme Deutsche Bahn ou Trenitalia ou de nouveaux acteurs comme les compagnies de bus ou de covoiturage. En elle a aussi besoin d’une main d’œuvre plus productive pour accroître ses marges et maintenir un très haut niveau d’investissement : la SNCF doit investir pas moins de 57 milliards d’euros d’ici à 2026. La bataille politique de la réforme de la SNCF n’a rien changé concrètement dans la vie de l’entreprise. C’est maintenant que la vraie réforme va pouvoir commencer. Et les syndicats qui ont perdu la première manche ne resteront sans doute pas les bras croisés.
Lire l’article des Échos - SNCF : Guillaume Pepy prêt à aménager le statut des cheminots