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Face à l'augmentation des cas de Coronavirus, le gouvernement a reporté son plan de relance. Pourtant, la crise économique est bien là. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le plan de relance attendra une semaine de plus, le gouvernement l’a annoncé ce week-end. Ce n’est pas une bonne nouvelle car la reprise en cette rentrée s’annonce particulièrement poussive.

Si on refait le film des derniers mois, on peut retenir trois choses. D’abord, la France est une des économies européennes qui a le plus souffert de la crise du Covid, notamment parce que le confinement a été plus strict et plus long qu’ailleurs. En mars-avril, on a plongé plus que les autres. Ensuite, après le déconfinement, c’est logique, le rebond a été plus fort. On l’a vu en juin où la consommation a même dépassé son niveau d’avant confinement. La voiture que l’on voulait acheter en mars ou avril, on l’a achetée en juin. Mais pour finir, et c’est la leçon de l’été, ce rebond est déjà en train de s’essouffler. On le voit dans toute l’Europe mais c’est plus particulièrement le cas en France.

Et pourquoi?

 

La crise du Covid a mis en relief une faiblesse de fond de notre économie, nous n’avons pas assez de secteurs forts. Or manque de chance, nos deux plus forts, qui nous permettent en temps normal de résister sur les marchés extérieurs, à savoir l’aéronautique et le tourisme, sont les deux secteurs qui ont été les plus touchés par la crise. Ce n’est pas un hasard si le géant de l’hôtellerie français Accor a réfléchi cet été à se rapprocher de son concurrent Intercontinental: le secteur est sinistré, les hôtels sont à moitié vides et tant que l’épidémie est là, les touristes ne reviendront pas. Quand ces deux secteurs, aéronautique et tourisme, sont au tapis, c’est toute l’économie française qui souffre.

Cela dit, les Français ont beaucoup d’épargne et le plan de relance qui arrive va soutenir l’activité.

 

C’est vrai, les Français ont accumulé près de 100 milliards d’euros d’épargne et si la confiance revient, ils vont consommer. Mais encore faut-il savoir faire passer les bons messages et redonner confiance alors que l’environnement reste anxiogène. Le rôle des dirigeants politiques est crucial. Par exemple aux États-Unis, Joe Biden, le candidat démocrate, a dit que s’il était élu président, il n’hésiterait pas à "fermer" ("shut down") l’économie américaine si l’épidémie ne se calme pas. C’est typiquement ce qu’il ne faut pas faire ! Ça plombe le moral alors qu’on ne sait pas du tout comment va évoluer l’épidémie. Sans confiance, c’est sûr, la reprise n’aura pas lieu. Le plan de relance sert à cela. C’est dommage qu’il ait été reporté car la confiance, c’est une alchimie qui ne tient pas à grand-chose.