Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Depuis des années, la France perd des parts de marché dans l’industrie. Le gouvernement a une très bonne idée pour y remédier mais, il y a un mais.
Commençons par la bonne idée. Quand une entreprise se modernise en achetant une nouvelle machine, un robot ou des logiciels, elle peut déduire une partie du coût de ses bénéfices. Or comme l’industrie française a pris énormément de retard, notamment pour se numériser, l’idée (qui est excellente) est de permettre aux entreprises de déduire de leurs bénéfices une part encore plus importante de ces investissements. On appelle ça le "suramortissement". Ça ne figure pas encore dans le budget mais ça va y être ajouté et c’est très bien. Nous avons un appareil industriel qui a vieilli, il faut d’urgence monter en gamme sinon nous serons définitivement distancés. Cette mesure, c’est un coup d’accélérateur.
Mais il y a un mais ?
Quand il était ministre de l’Économie de François Hollande, Emmanuel Macron avait déjà pris une mesure de ce type en 2015. Elle avait été très efficace pour relancer l’investissement. Mais on l’avait arrêtée deux ans plus tard pour privilégier les baisses de charges. On se rend compte maintenant que si on veut vraiment moderniser notre industrie, il faut l’aider à s’équiper et à faire un saut de modernisation. Tant mieux. Mais la mesure envisagée par le gouvernement, est "petit bras". On parle de quelques centaines de millions d’euros. Ce qu’il faudrait pour moderniser l’industrie française, c’est un plan Marshall. Bush l’avait fait aux États-Unis il y a plus de 15 ans, ça avait été très efficace. La Chine est en train de le faire aujourd’hui, et à une toute autre échelle.
Si nous étions vraiment ambitieux, nous ferions la même chose à l’échelle de toute l’Europe. Voilà un plan de modernisation de l’industrie qui aurait de l‘allure. Le gouvernement a une bonne idée mais il peut mieux faire, beaucoup mieux faire.