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On pensait que la période de confinement pourrait lui être bénéfique, les Français redécouvrant à l'occasion de cette épidémie de coronavirus l'importance de l'agriculture. Mais le secteur voit ses difficultés s'accroître durant cette période, notamment à cause de la fermeture des restaurants, ses premiers clients. 

C’est le paradoxe tragique de l’agriculture française : la crise devrait lui profiter, mais elle aggrave au contraire ses difficultés.

Les Français ont redécouvert à l’occasion de la crise que l’on pouvait très vite être confronté à une pénurie de produits de base. Ils ont redécouvert à quel point il est crucial d’avoir une agriculture forte. Ils redécouvrent la notion de souveraineté alimentaire. Tant mieux, il faut s’en réjouir. Sauf que dans la réalité, la crise asphyxie l’agriculture.

D’abord à cause de la mise à l’arrêt de la restauration qui représente un cinquième des commandes de produits agroalimentaires. Prenez les produits de la mer : à Rungis, le rayon marée fait 90% de son chiffre d’affaires avec la restauration. Dans la viande, le gros du marché pour l’entrecôte ou le faux-filet, ce sont les restaurants. Ces débouchés ont disparu. Quand ils font leurs courses en grande surface, les Français achètent surtout des steaks hachés. Pour les éleveurs, la fermeture des restaurants est une catastrophe. 

L’agriculture subit à la fois la crise et des changements dans la demande des consommateurs.

Oui, l’interdiction des marchés a fait chuter la demande de produits frais par exemple, au profit du surgelé. Autre exemple, la fermeture des bars, et donc la chute de la consommation de bière, a provoqué un effondrement de moitié des ventes de la filière orge et malt. De même, la fermeture des frontières fait que l’on se retrouve avec des excédents de lait énormes. La viticulture a perdu 60% de ses débouchés.

Il faut savoir ce que l’on veut. La souveraineté alimentaire a un prix. Cette crise le montre, l’agriculture est une activité stratégique, il faut la défendre.