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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

La polémique surgit régulièrement : les distributeurs font trop de marges au détriment des agriculteurs.

C’est le sujet de tension entre les agriculteurs et les distributeurs ou les industriels de l’agroalimentaire. Des agriculteurs qui ont souvent du mal à joindre les deux bouts avec le fruit de leur travail et qui constate que les prix des produits dans les magasins augmentent sans qu’ils en voient la couleur. Qu’en est-il vraiment ? Un rapport qui vient d’être remis au Parlement par l’économiste Philippe Chalmin décortique toute l’évolution des tarifs "du champ à l’assiette", comme il dit.

Et ça donne quelques surprises

Premier constat très intéressant : sur 100 euros de consommation alimentaire, savez-vous combien représentent les produits agricoles français, produits sur notre sol ? Seulement 14 euros sur 100 euros de dépenses. Le reste c’est quoi ? Vous avez 11 euros de produits alimentaires importés : un vin espagnol, une mozzarella italienne, de l’huile d’olive grecque. Vous avez 10 euros de taxes. Et le reste de votre facture alimentaire, c’est la transformation par l’industrie, le transport, les coûts de distribution. Sur 100 euros de dépense alimentaire, vous dépensez plus en fait en transport ou en mètres carrés de magasins qu’en matière première agricole.

Ça veut dire que les prix que vous payez pour votre alimentation sont très largement déconnectés du revenu des agriculteurs. D’où ce décalage évidemment insupportable pour les agriculteurs, entre ce qu’ils reçoivent et les prix qu’ils constatent en magasin.

L’autre surprise, ce sont les marges des distributeurs.

L’idée reçue, c’est qu’elles sont élevées et que les distributeurs s’en mettent plein les poches. C’est faux. La marge nette des distributeurs est de 1,2% du chiffre d’affaires, avouez que ce n’est pas mirobolant. Mais surtout, vous saurez, la prochaine fois que vous ferez les courses, que ces marges varient énormément selon les rayons : elles sont élevées pour les volailles ou la charcuterie (5,5% de marge), beaucoup plus faibles pour les fruits et légumes (2%) mais négative pour la boucherie (-2,8%) ou la poissonnerie (-5,7%). Sur ces rayons, les distributeurs perdent de l’argent ! Ce ne sont donc pas les marges des distributeurs qui pénalisent les agriculteurs. Même si ce sont souvent eux qui sont pointés du doigt.