Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Ce sera la plus grosse privatisation du monde en 2019, celle d’Aéroports de Paris. Comment faire pour que cette entreprise stratégique ne tombe pas dans des mains étrangères ?
Bruno Le Maire l’a dit ce dimanche à cette antenne "pas question qu’une puissance étrangère en profite pour prendre le contrôle d’une entreprise qui contrôle les deux plus grands points d’entrée du territoire national, Roissy Charles de Gaulle et Orly". Pour mémoire, Roissy, c’est 70 millions de passagers par an et le groupe Aéroports de Paris, qui contrôle aussi Le Bourget et 10 autres aéroports, accueille 230 millions de passagers par an. Bref, il s’agit d’une entreprise stratégique et, à ce titre, elle va être ajoutée au décret qui permet à l’État de bloquer des rachats étrangers dans des secteurs jugés stratégiques.
Que vise ce décret en réalité ?
Soyons clairs: pas question de laisser un groupe public chinois devenir l’actionnaire principal d’ADP. C’est ce que veut dire Bruno Le Maire lorsqu’il parle de faire barrage à une prise de contrôle par une "puissance étrangère". Or ce risque chinois n’est pas théorique, pourquoi? Parce que Pékin a une stratégie officiellement déclarée dite de la "nouvelle route de la soie" qui consiste à contrôler des infrastructures reliant l’Extrême-Orient à l’Europe. En Chinois, cette stratégie se dit "une ceinture, une route", c’est plus explicite. Pékin veut acheter des ports, des aéroports, des voies de chemin de fer pour irriguer les marchés européens, avec ses exportations.
Et ils attaquent déjà l’Europe par l’Est.
Oui, ils sont très présents en Europe de l’Est, la porte d’entrée du grand marché européen. Ils attaquent aussi par le sud: ils ont aussi racheté le port du Pirée en Grèce et le gouvernement nationaliste au pouvoir en Italie se montre paradoxalement très favorable aux investissements chinois. Voilà pourquoi, s’agissant d’Aéroports de Paris, le gouvernement français tient à poser des limites. Ce qui ne veut pas dire qu’un étranger européen, en revanche, ne pourrait pas en prendre le contrôle. Pour le coup, rien ne s’y opposerait.
Lire l’article des Échos - ADP-L'État opposera son veto à une prise de contrôle étrangère