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La France se prépare à connaitre une très forte croissance cette année. Mais si le gouvernement se montre prudent, tablant sur un rebond proche de 5%, les experts de Bruxelles se montrent pour une fois beaucoup plus optimistes. Selon leurs prévisions, la croissance pourrait même atteindre 5,7%.

C’est rare ! Les experts de Bruxelles prédisent cette année à la France une croissance plus forte que ce que prévoit le gouvernement français lui-même.

Et si l’on en croit ces prévisions économiques optimistes, la France sera, après l’Espagne, le pays qui enregistrera la plus forte croissance de la zone euro cette année : 5,7%. Le gouvernement, plus prudent, table, lui, sur un rythme de 5% - on n’ose pas dire "seulement". La différence provient en fait du rythme auquel est dépensé l’argent du plan de relance européen. Si le rebond s’annonce plus fort en France que dans les autres pays, c’est, diront les mauvaises langues, parce que nous sommes plus forts et plus rapides que les autres quand il s’agit de dépenser de l’argent public. 

En tout cas c’est une bonne nouvelle, le rebond de l’économie arrive et il prend forme sur l’ensemble du continent européen. 

Oui, on voit là le double effet des mesures de relance et de la vaccination. Dans le détail, il est intéressant de noter que Bruxelles prévoit 4,3% de croissance pour la zone euro en intégrant seulement 140 milliards d’euros d’investissements financés par l’Europe sur un plan de relance européen de 750 milliards. Ce qui veut dire que nous en aurons encore "sous le pied", si je puis dire, pour soutenir l’activité l’an prochain. Les experts de Bruxelles prévoient d’ailleurs une croissance un peu plus forte l’année prochaine. Autre élément notable : Bruxelles estime qu’une injection de un point de PIB d’argent public dirigé vers l’investissement produit 1,2 point de croissance : la relance produit un effet d’entraînement. 

Le point noir reste l’emploi.

Il y a un décalage entre l’économie et le social : en gros la zone euro aura retrouvé début 2022 son niveau de production de richesse d’avant le Covid, mais il faudra attendre un an de plus pour revenir au niveau de chômage de 2019. On peut voir dans ce décalage d’un an le reflet des rigidités du marché du travail. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, plus flexibles, retrouveront plus vite le niveau d’emploi d’avant la crise. Ce sont des économies qui ont plus chuté de nous, car les amortisseurs sociaux sont moins puissants, mais qui rebondissent plus haut.

Les Etats-Unis prévoient 7% de croissance cette année - l’Europe, je le rappelle, c’est 4,3% - et le Royaume-Uni 7,25%. Des différences qui découlent de choix de société distincts, et qui montrent au passage que les pays les plus protecteurs ne sont pas forcément ceux qui favorisent le plus les créations d’emplois.