Chaque matin, Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, fait le point sur une question d'actualité économique.
Emmanuel Macron doit décider ou non de lancer la réforme de l’impôt à la source . Selon vous, Nicolas Barré, il faut arrêter de tergiverser , il faut le faire !
Oui, l’Etat a déjà dépensé des centaines de millions d’euros dans la préparation de cette réforme car ça fait des années qu’on en parle. Devinette : qui a dit : "aujourd’hui, après deux ans de travail, nous sommes techniquement prêts à donner le top départ du prélèvement à la source". Qui ? Thierry Breton, dans une interview aux Echos en 2006 ! Il y a 12 ans ! Et aujourd’hui, Gérald Darmanin dit mot pour mot la même chose. J’entends encore le même Thierry Breton nous dire, en quittant Bercy: "Tout est prêt, il n’y a plus qu’à appuyer sur un bouton". Donc oui, ça suffit, il est temps de passer aux actes.
Mais ce n’est pas forcément parce qu’on en parle depuis des lustres qu’il faut le faire. Et si ça n’était pas, finalement, une si bonne idée…
Depuis qu’il est élu, Emmanuel Macron nous explique que l’économie change , que le travail change, que l’on peut avoir plusieurs statuts en même temps etc. - et il a raison. Les carrières sont moins linéaires qu’avant. Les gens ont des revenus qui fluctuent davantage. Et donc il serait incompréhensible que le même Emmanuel Macron, qui nous dit qu’il faut s’adapter à une économie plus fluide, encore une fois à juste titre, renonce à ce principe de bon sens qui consiste à payer des impôts en fonction de ce que l’on gagne, au moment où on le gagne. C’est ça le grand intérêt de l’impôt à la source. C’est la concordance des temps, comme on dit à l’école primaire. C’est du bon sens.
Donc vous lui dites : "n’ayez pas peur Monsieur le président" ?
Oui. Allez-y. Emmanuel Macron s’est piégé tout seul, en plus sur un sujet qu’il connaît bien, après tout il vient de Bercy. Il est temps d’en sortir. J’ajoute que c’est une réforme qui va permettre de faire des économies dans les dépenses de l’Etat. On en fait tellement peu par ailleurs qu’on aurait tort de se priver.