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Le Premier ministre Jean Castex présente jeudi matin le plan de relance de l'économie, estimé à 100 milliard d'euros. Mais c'est avant tout l'oeuvre de Bercy et de son ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui y a imposé sa patte. 

Le plan de relance de 100 milliards d’euros est présenté ce matin par le Premier ministre Jean Castex mais c’est l’œuvre de Bercy et de Bruno Le Maire qui y a imprimé sa philosophie. 

Cette philosophie, c’est celle d’un libéralisme très tempéré. Pourquoi tempéré ? Le ministre de l’Economie aime dire que le monde se trouve à la fin d’un cycle de 25 ans où les règles pures et dures du marché devaient absolument primer et où par conséquent le rôle de l’Etat dans l’économie devait être réduit - bon, dans le cas français, on n’a jamais vraiment vu l’Etat se retirer. Mais aujourd’hui, ce cycle libéral s’achève un peu partout, le balancier est clairement du côté de l’Etat, on le voit en Europe mais aussi aux Etats-Unis et bien sûr en Chine. 

Et donc en France où l’Etat va jouer un rôle central dans ce plan de relance. 

L’Etat et je dirais même plus précisément Bercy. Bruno Le Maire d’ailleurs le dit: "les 100 milliards, ils sont ici". C’est lui qui fera les chèques et personne d’autre. Le processus sera hyper-centralisé. C’est l’Etat colbertiste dans toute sa splendeur.

Alors où est le libéralisme là-dedans, me direz-vous ? Il est dans le fait que l’essentiel de l’effort de ce plan porte sur le soutien de l’offre, sur la modernisation des outils de production et sur la réduction de la pression fiscale pesant sur les entreprises. C’est d’ailleurs le cap que s’est fixé Emmanuel Macron depuis le début du quinquennat, il n’en change pas, la crise du Covid le renforce même dans cette direction. Voilà pour le volet libéral.

Mais je le redis, c’est un libéralisme très tempéré. Exemple : l’Etat va mobiliser des milliards d’euros pour soutenir les filières que l’administration juge "d’avenir" comme les batteries, l’hydrogène, les ordinateurs quantiques, les petits réacteurs nucléaires etc. L’Etat se veut stratège. Mais est-il bien placé pour sélectionner de manière pertinente des filières d’avenir ? Après tout, ça n’a rien d’évident. 

On a su le faire dans le passé avec le nucléaire, l’espace, la grande vitesse… 

C’est vrai, mais n’oublions pas que nous étions dans un contexte d’économie en forte croissance, les trente glorieuses, et beaucoup moins ouverte qu’aujourd’hui. Ce n’est pas une raison pour renoncer.

Avec ce plan à 100 milliards, l’Etat veut éviter que la France ne décroche dans un certain nombre d’industries clés. Il veut aussi relocaliser certaines industries critiques, comme par exemple dans les médicaments, pour réduire notre dépendance vis-à-vis de la Chine et de l’Inde. C’est donc très ambitieux. Et dans ce monde beaucoup plus concurrentiel que dans les années 70, nous n’avons pas droit à l’erreur.