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Le plan de relance de l'économie, très attendu depuis plusieurs semaines, sera présenté jeudi par le gouvernement. Mais la promesse d'un investissement de 100 milliards d'euros, certaines personnalités pensent que cela ne sera pas suffisant. Elles demandent à l'Etat de s'endetter massivement en profitant des taux d'intérêt extrêmement bas. 

Le plan de relance de l’économie de 100 milliards d’euros sera détaillé demain. Mais déjà un débat fait rage : sera-t-il suffisant ? 

La question, évidemment, est provocante : 100 milliards, c’est une somme gigantesque, presque un tiers du budget de l’Etat, trois fois le budget annuel de la Défense… Et pourtant, à l’occasion de cette crise du Covid, certaines personnalités comme le patron de la banque d’affaires Lazard (Jean-Louis Girodolle), comme Alain Minc ou d’autres plaident pour en faire beaucoup plus. Avec un argument : il faut profiter de ce que les taux d’intérêt sont à zéro voire négatifs pour s’endetter massivement. 

Une perspective qui effraie Bercy… 

Bercy, la Banque de France, Bruxelles, bref le camp des orthodoxes qui disent : on est chez les fous, on a déjà une dette énorme, on ne va pas l’augmenter massivement. Mais face à eux, les partisans de cette stratégie de l’endettement disent : vous n’avez rien compris, on ne peut plus raisonner comme avant, on a changé de paradigme, il faut profiter de cette fenêtre historique pour s’endetter puisque les taux sont négatifs. Avec une limite quand même : que cette dette finance des dépenses d’investissement. Bref, qu’elle serve à moderniser notre économie, à lui faire franchir un cap dans des technologies clés, à muscler nos entreprises.

Mais vous le voyez, il y a un vrai débat entre ceux qui pensent qu’il faut repenser le sujet de la dette et que l’on peut dépenser beaucoup plus et puis ceux qui s’inquiètent de cette fuite en avant en pointant la montagne de dette qu’on est en train de laisser à nos enfants. 

Mais vous le disiez, 100 milliards, c’est déjà énorme, est-ce qu’il serait vraiment justifié de faire plus ? 

Je pense qu’il faudra faire plus sur deux points. D’abord, la crise a dévasté la situation financière de beaucoup d’entreprises, leur dette s’est envolée, elles vont manquer de capitaux, notamment pour investir. L’enveloppe prévue pour recapitaliser les entreprises, 3 milliards d’euros, n’est pas à la hauteur du problème. On va vite s’en rendre compte. S’il y a une première chose à corriger dans ce plan, c’est ça.

J’ajoute que compte tenu de ce qui nous remonte des chefs d’entreprises, à savoir qu’il y a une multitude de plans de réductions d’effectifs en préparation, il faudra certainement rallonger l’enveloppe prévue pour le chômage partiel. Car les mois qui viennent vont être très difficiles sur le plan social.