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Une voiture électrique ou hybride renferme deux à trois fois plus de puces électroniques qu'une voiture classique et ne peut pas rouler sans. Or le marché mondial souffre de pénurie. Résultat, plusieurs usines de Renault, PSA, Ford, Volkswagen, bref tous les grands, sont obligées de réduire leurs cadences voire de se mettre à l'arrêt. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C'est un symbole de la révolution qui transforme l'industrie automobile mondiale : faute de puces électroniques, des usines sont à l'arrêt.

De plus en plus aujourd'hui, la valeur d'une voiture se trouve dans l'électronique et les logiciels qu'elle contient. Une voiture électrique ou hybride renferme deux à trois fois plus de puces électroniques qu'une voiture classique. Ça se voit moins que les roues, mais sans ses conducteurs, les voitures ne peuvent pas rouler. Or le marché mondial souffre de pénurie. Résultat, plusieurs usines de Renault, PSA, Ford, Volkswagen, bref tous les grands, sont obligées de réduire leurs cadences voire de se mettre à l'arrêt. Renault a, par exemple, annoncé deux à trois jours d'arrêt cette semaine dans trois sites.

On découvre à cette occasion à quelle point nous sommes dépendants de quelques fournisseurs.

C'est l'effet de la mondialisation et de la spécialisation. Dans l'industrie pharmaceutique, on a pris conscience, avec la crise du Covid, à quel point nous étions dépendants de la Chine et de l'Inde, parfois jusqu'à 80% ou 90%, pour la fourniture des principes actifs nécessaires à la fabrication des médicaments. Dans l'automobile, c'est pareil voire pire. Un seul fabricant taïwanais de semi-conducteurs, TSMC, fabrique 70% des circuits intégrés de toute l'industrie automobile au niveau mondial ! Or avec le Covid, la demande de produits électroniques a explosé. Ajoutez à cela le développement de la 5G, très grosse consommatrice aussi de puces. Et voilà comment les rares fournisseurs de ces composants sont tout d'un coup débordés. Cela va coûter cher à l'industrie automobile mondiale car près de 700.000 voitures ne pourront sortir des usines ce trimestre. Ford évoque des pertes pouvant atteindre 2,5 milliards de dollars. Il reste peu de fabricants de puces en Europe: il y a STMicroelectronics, un groupe franco-italien, ou encore Infineon, un Allemand. Comme pour les médicaments, le maintien d'une industrie des puces sur le sol européen apparaît comme un enjeu stratégique : il était temps de s'en rendre compte.