Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Pour la première fois dans l’histoire, le taux de la dette de la France à dix ans est négatif, il est inférieur à 0%.
Ce qui veut dire très concrètement que tous ceux qui prêtent de l’argent à l’Etat français sont prêts à lui faire un crédit gratuit. Et même plus que gratuit, ils préfèrent perdent un peu d’argent en prêtant à la France plutôt que d’investir leurs liquidités dans des placements plus risqués. Autant le dire tout de suite : c’est quand même le signe d’un système financier qui marche sur la tête. L’Etat français est lourdement endetté. Notre dette frise les 100% du PIB. Mieux : cette dette ne baisse pas puisque que nous sommes toujours en déficit. Chaque année, l’Etat continue à emprunter pour faire ses fins de mois. Et pourtant, on nous fait un crédit à 0%.
Et pourquoi marche-t-on sur la tête ?
Depuis la crise financière de 2008, les banques centrales ont fait chuter les taux d’intérêt pour soutenir l’activité. Et elles ont acheté des quantités énormes de dette des Etats pour éviter une catastrophe. Depuis, elles ont trouvé des raisons supplémentaires de maintenir cette politique de soutien de l’économie, par exemple la guerre commerciale. Mais cette politique de taux très bas a beaucoup d’effets pervers. D’abord, c’est le paradoxe, cela fragilise le système bancaire que cette politique visait initialement à sauver. Quand les taux d’intérêt sont à zéro, les banques font moins de marges. Ensuite, cela pénalise tous ceux qui ont de l’argent de côté : l’épargne ne rapporte plus grand-chose. Enfin cela pousse les entreprises et les ménages à trop s’endetter.
Mais c’est une bonne affaire pour l’Etat.
Bonne ou désastreuse. Bonne oui parce que la charge de la dette de l’Etat français, par exemple, est passée de 42 à 37 milliards en moins d’un an selon Bercy. Rendez-vous compte : 5 milliards d’économies qui tombent du ciel. Et cela pourrait encore doubler, selon des projections de la Banque de France. Mais cela veut dire aussi que l’Etat fait ces économies sans faire aucun effort. Merci la BCE ! Sous François Hollande, 40% de la baisse du déficit est venue de la baisse des taux d’intérêt. Et bien cela continue et, malheureusement, cela n’incite pas l’Etat à se réformer puisque les dépenses baissent toutes seules. C’est évidemment très pervers. Et ça ne pourra pas durer éternellement.
