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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

 

Le coup est très dur pour EDF qui va devoir refaire les soudures de l’EPR de Flamanville. Peut-on encore croire en l’avenir du nucléaire ?

La décision de l’Autorité de sûreté nucléaire qui impose ces réparations coûteuses à EDF ne condamne pas le nucléaire, au contraire : après tout, c’est une preuve d’indépendance de l’Autorité de sûreté or cette indépendance est cruciale. C’est une condition indispensable pour que l’opinion ait confiance dans cette technologie. Les Chinois ont achevé la construction de l’EPR avant nous. Il marche, il est branché au réseau. Tant mieux. Mais est-on sûr que l’on peut faire confiance à l’agence de sûreté chinoise autant qu’à l’agence française ?

Qu’elle est réellement indépendante du pouvoir et des compagnies d’électricité d’Etat? Est-on sûr que les fournisseurs travaillent avec le même niveau d’exigence ? Ces questions restent ouvertes. Au Japon, après la catastrophe de Fukushima, on a réalisé à quel point l’Autorité de sûreté locale n’était pas indépendante, pour la bonne raison qu’elle n’était qu’un service du ministère de tutelle (ça a changé depuis). Si elle avait été aussi exigeante qu’en France, elle aurait sans doute aussi imposé des contraintes supérieures aux électriciens locaux.

Reste que cette décision de l’Autorité de sûreté est un coup très dur pour EDF et sa technologie

C’est une humiliation. Le signe d’une perte de compétence industrielle qu’il va falloir combler. Et les conséquences sont très lourdes. Cela signifie d’abord un déficit de capacité important pour l’avenir puisque Flamanville va être encore reporté de plusieurs années : il va falloir compenser l’absence de l’EPR. Au-delà des coûts supplémentaires -alors que la facture s’élève déjà à 10,9 milliards d’euros- c’est aussi un manque à gagner important pour EDF. Et puis Flamanville devait être une vitrine pour l’exportation : c’est devenu le symbole d’une dérive sans fin, comme l’EPR d’Okiluoto en Finlande. Vous l’avez dit, le coup est rude…