Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Les gouvernements passent et les niches fiscales prospèrent. Plus de 100 milliards d’euros cette année !
Il n’y a rien à faire, tous les gouvernements critiquent les niches fiscales mais aucun n’a jamais vraiment fait le ménage. Et on comprend facilement pourquoi: une niche fiscale, c’est un avantage que l’on accorde à une catégorie de contribuable. Qui du coup paie moins d’impôts. C'est une baisse d’impôt accordée, par exemple, à des entreprises qui innovent, c’est le crédit impôt recherche, une des plus grosses niches fiscales. Ou accordée à un ménage qui emploie une aide à domicile, qui fait des travaux d’isolation dans sa résidence principale, qui donne de l’argent à une association etc. Il y a comme ça 457 niches fiscales en France selon la Cour des comptes.
Mais 100 milliards d’euros, ça fait beaucoup d’argent.
C’est le revers du matraquage fiscal français. Nous sommes l’un des pays les plus imposés du monde et au lieu de baisser les impôts de tout le monde, ce qui serait un vrai progrès, on allège la facture de certains. Parfois avec de bonnes raisons quand il s’agit de soutenir l’innovation, l’investissement dans les PME ou l’emploi avec le CICE. Mais parfois aussi pour de mauvaises raisons, je pense à certaines dérives dans les opérations de défiscalisation outre-Mer pour ne citer qu’un exemple.
Et vu le nombre de niches fiscales, on a du mal à s’y retrouver.
Même la Cour des comptes a du mal à en évaluer l’efficacité, c’est dire! Mais surtout, ce qui est très critiquable dans ce système, c’est que l’État choisit les catégories de contribuables dont il veut alléger la facture, en fonction de leur capacité de lobbying ou de la volonté de faire plaisir à telle ou telle catégorie d’électeur. Il serait plus efficace, plus clair et plus juste d’alléger les impôts de tout le monde. En multipliant les niches fiscales, nos gouvernants cherchent à piloter l’économie: on favorise tel secteur, on accélère ici, on freine là. À 100 milliards d’euros, cet interventionnisme coûte cher et rien ne dit qu’il soit efficace !
Lire l’article des Échos - Les niches fiscales dépassent 100 milliards d'euros en 2018