Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Et si l’Italie sortait de l’euro ? Les marchés financiers commencent à redouter ce scénario et ils le font déjà payer très cher aux Italiens.
Depuis qu’une coalition populiste a pris le pouvoir à Rome en juin, les taux d’intérêt auxquels l’État italien emprunte de l’argent sur les marchés financiers ont pratiquement doublé. Et ils continuent de grimper. Pourquoi ? Parce que les prêteurs s’inquiètent. Ils se disent que le programme de la coalition n’est pas tenable : baisse massive des impôts, baisse de l’âge de la retraite dont on ne sait pas comment elle serait financée, hausse des dépenses publiques etc. Bref, les marchés financiers se disent que ça risque de mal finir.
Comment ça, ils se disent que ça va mal finir ? Ils pensent, les marchés financiers ?
Ce n’est pas une abstraction, les marchés financiers. Ce sont des gens en chair et en os, c’est un homme ou une femme qui se lève le matin, qui va à son bureau dans une banque ou une compagnie d’assurance pour gérer des milliards d’euros qui ont été confiés par des épargnants. Donc ce sont des gens qui ont une énorme responsabilité : leur job consiste à placer ces masses d’argent sans prendre de risques inconsidérés. C’est pour cela qu’ils achètent beaucoup d’emprunt d’État, mais d’États qui rassurent. Or quand l’Italie menace par exemple de ne plus verser sa part au budget européen, ce qui créerait une crise absolument sans précédent en Europe, ça ne donne pas confiance dans la signature de l’État.
Et ça tombe mal car l’État italien a absolument besoin de financement.
Il lui faut emprunter d’énormes sommes d’argent pour boucler son budget, 240 milliards d’euros cette année, plus que la France et que n’importe quel autre pays de la zone euro. Les Grecs ont payé très cher (et ce n’est pas fini hélas) l’envolée des taux d’intérêt sur la dette de leur pays quand plus personne ne voulait leur prêter. Et bien la même histoire se profile en Italie. Les Italiens sont déjà en train de payer, cher, la facture du gouvernement populiste qu’ils ont choisi. Et cette facture risque de grimper encore plus.