Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Bonjour Nicolas Barré, ce matin c’est avis de tempête pour les finances de la France : après les mesures pour répondre à la crise des "gilets jaunes", les fonctionnaires font monter la pression et la dette s’envole.
C’est un dangereux de cocktail qui se prépare et qui va fragiliser les finances, déjà mal en point, de notre pays. Pour la première fois de notre histoire, l’Etat va devoir emprunter plus de 200 milliards d’euros l’an prochain sur les marchés financiers. Ça ne dit sans doute pas grand-chose 200 milliards : sachez que ça équivaut à six fois le budget de la Défense ou encore quatre années de budget de l’Education nationale !
Cet argent, il va falloir aller le chercher auprès d’investisseurs internationaux qui regardent ce qui se passent en France et qui risquent de se dire : on vous prête, mais un peu plus cher. Et à ce niveau de dette, vous comprenez bien que la moindre hausse des taux d’intérêt a des répercussions considérables.
Et ces investisseurs, ils regardent aussi à quoi va servir l’argent.
Oui et ce qu’ils voient, c’est que l’on est en train d’ouvrir une boîte de Pandore. La crise des gilets jaunes, c’est plus de cinq milliards d’euros de dette en plus : pour financer la prime d’activité et la défiscalisation des heures supplémentaires entre autres. Et après le geste fait en faveur des policiers, les revendications montent dans le reste de la fonction publique. Le risque de contagion est évident. Les demandes de revalorisations affluent à l’hôpital, notamment chez les infirmiers et les aides-soignants : ils sont un demi-million au total. Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, reçoit ce matin les fédérations de fonctionnaires qui vont aussi lui demander des primes exceptionnelles de fin d’année.
Bref la pression monte et le risque est que le gouvernement soit obligé de lâcher du lest alors qu’il n’a pas commencé à réformer en profondeur le fonctionnement de l’Etat. La bonne manière de faire, c’est de réorganiser les services, les administrations et seulement après, d’offrir la carotte avec des primes voire des hausses de salaires. Là, sous la pression, on s’apprête à faire le contraire : distribuer de l’argent sans avoir rien changé. Et ça, quand vous êtes un Etat qui doit emprunter 200 milliards d’euros dans l’année pour boucler ses fins de mois, ça risque de coûter cher sur les marchés financiers.