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Chaque matin de cette semaine, Daniel Fortin, de la rédaction des Échos, fait le point sur une question d'actualité économique. Aujourd'hui, il revient sur les prévisions très optimistes de certains économistes pour l'après-crise du Covid-19.

C’est leur plus forte baisse depuis 12 ans : les crédits à la consommation ont reculé de 11,5 % l’an dernier en France. C'est un indicateur de plus de la profondeur de la crise économique qui nous frappe. Pourtant, il y a aujourd’hui des économistes qui croient à un scénario rose.

"Oui ils parlent même d’un retour prochain des années folles ces économistes ! Vous savez, du nom de cette période qui a suivi la Première Guerre mondiale. La France en était sortie avec une économie en miette et une dette publique gigantesque. Pourtant, la production avait bondi de 70% lors de la décennie qui avait suivi. Là, nos économistes font le même pari : les années 2020 pourraient être contre toute attente des années de grande prospérité.

Sur quoi s’appuient-ils pour faire ces prévisions plutôt contre-intuitives aujourd’hui ?

Premier élément : c’est ce qui s’est passé à la fin du premier confinement. Souvenez-vous, dès les premières semaines de mai, on avait assisté à un véritable rebond de la consommation à tel point qu’au deuxième trimestre l’activité n’avait chuté que de 3% en France alors que l’Insee ou la Banque de France s’attendaient à beaucoup plus. Il pourrait bien se produire la même chose à l’été prochain et les experts s’attendent à une vraie libération de l’envie de consommer. Mais cela ne suffira pas à assurer la prospérité sur plusieurs années.

Ce qui rend ces économistes optimistes, c’est qu’à ce rebond s’ajouterait le fruit d’une transformation accélérée de l’économie grâce à cette crise. La révolution numérique, par exemple, a connu un vrai coup d’accélérateur. On le voit avec le télétravail ou encore avec les plateformes d’achats constituées par les petits commerçants. La révolution biologique aussi : jamais on n’avait produit autant de vaccins aussi vite grâce à l’ARN. Et puis, bien sûr, la transition énergétique enfin lancée avec des dizaines de milliards d’investissement sur la table. Les projets fleurissent et c’est tout cela qui pourrait nourrir la croissance future.

N’est-ce pas un peu optimiste ?

Il faut rester prudent. On ne sait pas du tout comment les entreprises vont sortir de cette crise. On ne sait pas si elles pourront rembourser les 130 milliards d’euros de prêts qu’on leur a accordés. On ne sait pas s’il y a aura des plans sociaux massifs. Mais on ne savait pas non plus avant le Covid que les usagers des visioconférence en Zoom seraient multipliées par 20 en France. Tout est allé très vite dans cette crise et la fin n’est pas encore écrite."