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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les prix de l’immobilier n’en finissent pas de grimper. Régulièrement, on nous annonce la fin de la hausse, mais l’attend toujours.

Et oui et pour plusieurs raisons dont une souvent évoquée ici: les taux d’intérêt sont très faibles, jamais on n’a emprunté dans de meilleures conditions. Et donc les Français en profitent. Sur les six premiers mois de l’année, les prix ont augmenté de 3% à Paris en moyenne avec un prix au mètre carré de 9.693 euros. Hausse semblable à Lille : + 2,9%, où le prix au mètre carré est toutefois presque quatre fois moins élevé. Hausse significative encore à Toulouse, +2,5% avec un prix au mètre carré qui franchit les 3000 euros en moyenne. Mais le marché est encore plus dynamique dans des villes comme Lyon : +6,6%, Nantes : +6,5%, Rennes : +5,9%. On est sur des rythmes bien plus élevés que l’inflation. A Paris, sur l’année, on s’attend à une hausse de 7% et un prix au mètre carré qui va dépasser les 10.000 euros en moyenne.

Au-delà des grandes villes, ce qui est nouveau, c’est que la hausse s’étend partout.

Oui, c’est ce que le patron Century 21 Laurent Vimont appelle "l’effet centrifugeuse", c’est assez parlant: la hausse gagne les périphéries des grandes villes et s’étend même au-delà. Là on a une vraie rupture: depuis dix ans, les prix dans les campagnes baissaient -en moyenne bien sûr. Ce semestre, c’est la nouveauté, ils progressent. Sur dix ans, l’Indice des Prix de l’Immobilier en zone rurale, l’IPI rural, a chuté de 3,4% alors que les prix montaient partout ailleurs. Mais sur le premier semestre, on constate une hausse de 0,5%. Depuis dix ans, cette évolution divergente entre les villes et les campagnes avait creusé l’écart entre deux France, l’une dont le patrimoine se valorise d’année en année, l’autre qui voit la valeur de ses maisons baisser. Et bien le fossé cesse enfin de se creuser.

Est-ce que cette hausse de l’immobilier est durable?

Les deux grands déterminants sont les taux d’intérêt et le marché de l’emploi: tant qu’ils restent bien orientés, ça soutiendra les prix de l’immobilier. Cette hausse est-elle souhaitable? Non: cela pèse sur le pouvoir d’achat, c’est catastrophique pour les jeunes. Et cela favorise l’étalement du tissu urbain: tous les dix ans en France, il faut le savoir, on transforme l’équivalent d’un département de terres agricoles ou de forêts en surface urbaine. Les périphéries des villes grignotent le paysage. Ça n’est pas durable. Il va falloir construire plus dense, plus en hauteur.

Cela permettrait aussi de résoudre une partie des problèmes de coûts de transport et de temps de trajet domicile-travail. Mais cela veut dire changer beaucoup d’habitudes du côté des maires, des promoteurs et des particuliers eux-mêmes. Pas simple !