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Au micro de Matthieu Belliard, Nicolas Barré revient sur la réponse de la Commission européenne, alors que les ministres de l’Economie de la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne lui ont demandé de revoir ses règles en matière de concurrence internationale.

Sommée par la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne de revoir ses règles de concurrence, la Commission européenne répond ce matin.

La vice-présidente de la Commission en charge de la concurrence Margrethe Vestager monte au front, elle s’est confiée à plusieurs journaux européens. Elle est beaucoup critiquée, vous le savez, pour imposer aux entreprises européennes des règles de concurrence très strictes alors que nos concurrents chinois ou américains n’y sont pas soumis. La semaine dernière, les ministres de l’Economie de ces quatre pays ont écrit à la Commissaire pour lui demander de revoir ses règles. Réponse, je cite : "nous avons conscience que les marchés changent, que la concurrence chinoise s’intensifie et que nos règles qui ont plus de 22 ans doivent évoluer". Fin de citation. C’est un progrès. Mais ce n’est pas gagné. Car quand on l’interroge par exemple sur les raisons qui l’ont amené à bloquer la fusion entre Alstom et Siemens, la Commissaire européenne ne regrette rien. 

Et pourquoi?

Parce qu’elle dit qu’il n’y aurait plus eu d’autre acteur européen dans les trains à grande vitesse, donc plus de concurrence. Ce qui laisse un peu perplexe: dans l’aérien, il y a bien un seul fabricant d’avions de ligne en Europe avec Airbus. La concurrence est mondiale… Cela dit, Bruxelles n’est pas sourd aux critiques. La commissaire Vestager annonce qu’elle va mieux contrôler les entreprises non-européennes qui bénéficient d’aides d’Etat et qui nous livrent une concurrence déloyale. Il était temps, c’est un progrès.

La Commission comprend que nous sommes entrés dans une ère où les rapports de force seront plus musclés. Donald Trump, par exemple, envisage de fermer les marchés publics américains aux étrangers : si tel est le cas, l’Europe ne pourra pas rester sans réagir. Il envisage aussi de prendre le contrôle d’un fabricant européen d’équipements 5G. Le monde de l’économie se durcit. L’Europe doit intégrer cette nouvelle donne.