Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Le FMI, le Fonds monétaire international, qui scrute en permanence l’état économique de la planète, lance l’alerte : la prochaine crise est pour bientôt.
Les vœux du FMI à la planète ne sont pas optimistes pour 2019. "La prochaine récession est à l’horizon", vient de mettre en garde l’institution que dirige Christine Lagarde. Et surtout, selon le FMI, ce qui est inquiétant, c’est que "nous sommes moins préparés pour y faire faire et en particulier moins préparés qu’avant la crise de 2008". Voilà qui n’est guère réjouissant.
Pourquoi le FMI est-il si inquiet ? La croissance américaine est forte, la Chine va bien. Or ce sont les deux moteurs de l’économie mondiale.
Vous avez entièrement raison mais ces moteurs ont chacun un problème. Le problème du moteur américain, c’est qu’il a atteint son pic l’an dernier avec une très forte croissance. Mais maintenant, il commence à ralentir, d’autant que la banque centrale américaine veut remonter les taux d’intérêt : ça va freiner l’économie, c’est sûr. Et le problème du moteur chinois, selon le FMI, c’est qu’il ralentit aussi mais que cela touche toute l’Asie. Quand la Chine va moins bien, tous les pays de la région souffrent.
Et puis le FMI s’inquiète aussi parce que le monde anglo-saxon joue à contre-emploi depuis un certain temps : ces apôtres de l’ouverture sont devenus des champions du protectionnisme. Trump veut un mur et des taxes. Et les Anglais veulent quitter la plus grande zone de libre-échange du monde, l’Union européenne, pour se replier dans leurs îles.
Est-ce qu’il n’y a pas aussi un problème plus profond, comme on le voit en France avec les "gilets jaunes" : la mondialisation a créé trop d’inégalités.
Si, c’est un des sujets de préoccupation du FMI et d’autres, d’ailleurs, depuis un certain temps. Les écarts se creusent de plus en plus suivant les niveaux de diplôme. Dans les grandes économies occidentales, les emplois bien payés se raréfient, sauf pour les diplômés du supérieur qui n’ont jamais été aussi demandés. En revanche, les employés moins qualifiés ont de moins en moins de chance de trouver un emploi correct. Ce sont les plus exposés à la mondialisation et, comme on dit aux Etats-Unis, les plus exposés au "choc chinois".
Le fossé se creuse aux deux extrémités du monde du travail et menace la cohésion de la société : on le voit de manière spectaculaire aux Etats-Unis mais aussi chez nous, c’est un des ferments de la crise sociale actuelle. Et donc ajoutez à cela une croissance qui ralentit, donc moins de richesses créées, et vous avez ce cocktail qui menace la cohésion des sociétés occidentales, qui sape le moral des classes moyennes et qui inquiète tant les dirigeants.