Chaque matin, Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, fait le point sur une question d'actualité économique.
En 2019, le temps va se couvrir sur l’économie mondiale, tous les économistes prévoient un ralentissement. Simple coup de froid ou faut-il craindre un scénario plus grave?
Ralentissement, c’est sûr. La première économie mondiale, les Etats-Unis, ne va pas continuer à carburer à un rythme aussi élevé. La croissance a atteint 3% en 2018, le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis 50 ans, à 3,7% et, cerise sur le gâteau, l’inflation est restée stable à 2%. C’est la conjoncture parfaite. Malheureusement, cette belle mécanique va -au moins un peu- se dérégler. Pourquoi ? Parce que cette très bonne croissance a été soutenue par des mesures fiscales, décidée par le président Trump, qui ont eu leur effet maximal en 2018.
D’où ces 3% de croissance un peu exceptionnels mais l’économie américaine a atteint son pic. N’oublions pas que sous les deux mandats de Barack Obama, la croissance a été de 2% en moyenne. Peu à peu, on va donc revenir à un rythme plus raisonnable. Or ce qu’il faut noter de très important, c’est que l’économie va ralentir aussi ailleurs et en même temps: en Europe, où on sera autour de 1,5% de croissance, et en Asie, en Chine en particulier, où la croissance, un peu comme aux Etats-Unis au fond, a été soutenue en 2018 par des mesures de relance mais elle ralentit.
Donc ralentissement partout, mais au fond pas de panique. Qu’est-ce qui pourrait faire déraper ce scénario en quelque chose de plus grave?
Je vous citerais deux choses qu’il va falloir surveiller de très près cette année. Un : est-ce que ce ralentissement dont je vous parle sera rapide ou pas? Pourrait-il déboucher sur une récession? Ce risque est faible mais il n’est pas nul. On ne peut exclure un scénario de crise financière, comme en 2008, vu le niveau faramineux des dettes un peu partout dans le monde. Et donc une récession qui pourrait être même plus violente qu’en 2008.
Deuxième point à surveiller: la Chine va-t-elle muscler le plan de relance de son économie engagé l’an dernier? Si oui, alors le moteur chinois continuera de tourner à un bon rythme, entre 6,5% et 7%: c’est le scénario le plus probable et il nous évitera beaucoup de problèmes. Cette croissance venue d’Asie compensera en bonne partie le ralentissement ailleurs. Si ce n’est pas le cas, si, contre toute attente, Xi Jinping ne fait pas plus pour relancer son économie, alors nous souffrirons davantage en Europe. Ce qui est sûr, c’est que notre destin est largement entre les mains des deux moteurs de l’économie mondiale, les Etat-Unis et la Chine.