Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
La Chine ne se laissera pas faire : Pékin riposte aux surtaxes américaines sur "made in China". Et elle le fait en frappant l’électorat de Donald Trump.
C’est habile. La Chine vient de dresser une liste de 659 produits américains qui vont être taxés. Les premiers visés seront les producteurs de soja, de porc, de poulet qui se trouvent dans les États agricoles les plus fidèles à Donald Trump. La moitié des exportations américaines de soja, par exemple, vont en Chine. Ces sanctions sont donc une catastrophe pour les agriculteurs américains. Également dans la liste, des produits industriels lourds: métallurgie, chimie. Bref, Pékin cible les cols bleus américains, ces ouvriers qui ont voté pour Donald Trump. Enfin, autre subtilité: la Chine s’aligne exactement sur le montant d’exportations taxées par Trump. Le message est clair : "ce n’est pas nous qui voulons cette guerre commerciale, nous ne faisons que répondre aux hostilités que vous avez déclenchées".
La Chine se pose en victime et appelle à une "action collective" contre les États-Unis.
Et elle aimerait bien embarquer l’Europe dans cette croisade. En profitant du fait que les Européens sont très remontés contre les surtaxes imposées par Donald Trump sur certains de nos produits. Du coup, c’est de bonne guerre, l’ambassadeur de la Chine auprès de l’Union européenne, Zhang Ming, multiplie les offensives de charme. Il parle d’une "nouvelle phase d’ouverture" du marché chinois, il promet de mieux écouter les demandes des entreprises européennes. C’est un langage nouveau, séduisant. Tant mieux. Même s’il ne faut pas être naïfs.