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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est la consternation au Royaume-Uni. Honda doit annoncer aujourd’hui la fermeture de son usine britannique, sa seule usine en Europe qui fabrique les Honda Civic.

Honda a expliqué aux élus locaux que la fermeture de cette usine de Swindon, près de Londres, n’est pas directement liée au Brexit. Mais on imagine que cela a pesé dans la décision. L’usine emploie 3.500 personnes et fait travailler un nombre important de sous-traitants. Le choc est terrible car c’est une usine historique, qui remonte aux années 80, aux premières incursions de l’industrie automobile japonaise en Europe : le Royaume-Uni était considéré alors comme le point d’entrée pour pénétrer le marché européen. Aujourd’hui, avec le Brexit, c’est devenu une barrière.

Honda n’est pas le seul à prendre une décision de ce type ?

C’est bien ce qui inquiète outre-Manche. Le Royaume-Uni produit 1,6 million de voitures par an mais 80% sont exportées, et pour plus de la moitié vers l’Union européenne. Donc la perspective d’une sortie du marché unique est catastrophique : un par un, les constructeurs revoient tous leurs plans. Il y a quelques jours, Nissan a annoncé qu’il renonçait à fabriquer son futur SUV, le X-Trail, dans son usine géante de Sunderland. Jaguar Land Rover vient d’annoncer la suppression de 4.500 emplois car sa production est en chute libre. BMW a prévu de fermer pendant un mois l’usine d’Oxford qui fabrique la Mini. En deux ans, c’est simple, les investissements dans l’industrie automobile britannique ont été divisés par trois : on ne fait plus de projet, on déplace la production ailleurs…

Il ne faut pas croire que ce soit une bonne chose pour nous ?

Non en effet. En cas de "no deal", de sortie sans accord, cela va aussi perturber la production sur le continent. Pour rappel, le Royaume-Uni est le deuxième marché automobile européen après l’Allemagne et que 85% des voitures importées par les Britanniques viennent d’Europe. Il y aura aussi un choc du Brexit chez nous. Et on est obligé de constater qu’à l’approche du 29 mars, le risque d’une sortie sans accord est de plus en plus grand.