Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Plusieurs grandes entreprises françaises, présentes dans des secteurs clés, risquent de passer sous contrôle étranger. Et la France manque de moyens pour s’y opposer.
La menace n’a probablement jamais été aussi forte. Deux grandes raisons. Tout d’abord, plusieurs très grands fonds d’investissements étrangers, notamment américains, sont à l’affût. Ils cherchent des cibles en Europe. Ils disposent de liquidités considérables, en dizaines de milliards d’euros. Ensuite, un autre grand acteur est à l’affût, c’est la Chine. 80% des acquisitions chinoises en Europe concernent des entreprises de haute technologie. Les Chinois achètent tout ce qu’ils peuvent en Europe. Savez-vous combien ils ont acheté d’entreprises américaines de haute technologie l’an dernier? Aucune! Parce que Washington les en empêche. Alors que nous laissons faire.
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Comment peut-on lutter contre cela ?
La loi Pacte donne quelques armes de plus pour contrôler les investissements étrangers, mais ce n’est pas l’arme atomique, ça reste très en retrait par rapport au dispositif extrêmement puissant qui existe aux États-Unis. L’Europe (et la France) ne joue toujours pas avec les mêmes armes. Du coup une autre piste est avancée par la banque publique Bpifrance. Son patron (Nicolas Dufourcq) plaide depuis longtemps pour disposer de plus de moyens pour entrer au capital d’une entreprise française stratégique si elle est attaquée. Avec un argument clé: quand une entreprise leader d’un secteur passe sous contrôle étranger, c’est tout l’écosystème en question qui est fragilisée. Avec le risque à terme de perdre la technologie. Comme il n’existe pas en France de grands fonds privés aussi puissants qu’aux États-Unis, Bpifrance a un rôle crucial à jouer dans cette nouvelle guerre mondiale pour le contrôle des entreprises. Le capitalisme mondial devient de plus en plus conflictuel. Il faut le savoir et savoir se protéger. C’est une question de souveraineté économique.
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