Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Depuis minuit cette nuit, l’Iran est de nouveau sous le coup des sanctions américaines qui prévalaient avant 2015, avant l’accord sur le nucléaire. Des sanctions très dures et qui frappent aussi directement l’Europe.
Ce retour à un régime extrêmement sévère de sanctions est un scandale international à double titre. Un scandale politique d’abord puisque les États-Unis imposent leur loi à des pays qui se retrouvent complices malgré eux d’une décision de Donald Trump qu’ils désapprouvent. C’est le cas de la France mais également de l’Europe. Ensuite, c’est un scandale économique car les sanctions américaines coupent l’Iran du circuit bancaire mondial, ce qui fait que les entreprises qui y travaillaient ne peuvent plus avoir de relations financières avec leurs clients iraniens. On est en présence d’un système de sanction parfaitement hypocrite. Sous couvert de cibler quelques secteurs, tout le monde est touché. C’est une sorte, si l’on peut dire, de "terrorisme économique". Tous ceux qui faisaient des affaires avec Téhéran arrêtent car ils sont littéralement terrorisés à l’idée de se faire prendre par la justice américaine.
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L’Europe est-elle démunie ?
On a étudié beaucoup de stratégies de contournement mais elles sont très difficiles sinon impossibles à mettre en pratique. On a parlé de troc: du pétrole iranien contre des marchandises. Sauf que personne en Europe n’est prêt à prendre le risque d’acheter du pétrole iranien frappé par les sanctions américaines. Les États-Unis ont accordé des dérogations à huit pays comme l’Inde, la Corée du Sud, le Japon, pour faire du troc justement mais à trois conditions. Premièrement, que les achats de pétrole portent sur des petites quantités. Ensuite, que les paiements soient réglés sur des comptes bloqués à l’étranger pour éviter que les Iraniens récupèrent des devises. Pour finir, que cet argent serve uniquement à acheter des médicaments ou des vivres, selon une liste de courses fixée par Washington. Et même ça, les États-Unis ne le tolèrent que pour ces quelques pays et surtout pas pour l’Europe. Pour Washington, nous sommes moins des alliés que des concurrents gênants.
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