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Ce jeudi matin à Saclay, en région parisienne, Emmanuel Macron annoncera lui-même un grand plan pour soutenir l’informatique quantique. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Ce jeudi matin à Saclay, en région parisienne, Emmanuel Macron annoncera lui-même un grand plan pour soutenir l’informatique quantique. L’Élysée y voit un enjeu stratégique.

La France passe clairement à la vitesse supérieure dans ce domaine un peu ésotérique pour le grand public mais crucial pour notre souveraineté. Alors de quoi s’agit-il ? En deux mots, à force de progrès, nous arrivons au bout en quelque sorte de l’informatique traditionnelle : depuis 50 ans, c’est la loi de Moore, la puissance des microprocesseurs double tous les 18 mois. Nos ordinateurs sont de plus en plus puissants. Mais il y a un moment où l’on bute sur les limites physiques, matérielles, de la miniaturisation. Si on veut continuer à augmenter la puissance de calcul des machines, on sait qu’on n’y arrivera plus en essayant de graver des éléments de plus en plus petits.

Il faut donc passer à une toute autre technologie.

Dans le langage courant, on dit qu’il faut un "saut quantique". Ça veut dire concrètement qu’il faut passer à des machines dont le cœur n’est pas constitué de microprocesseurs de plus en plus petits mais de particules : des atomes froids, des ions, des photons. C’est bien une révolution. Une révolution qui a déjà commencé : nous avons en France d’excellents physiciens, de grandes entreprises pionnières au premier rang desquelles Atos, que Thierry Breton, et maintenant son successeur Elie Girard, ont résolument engagé sur cette voie. Thales est également un acteur majeur. Et puis nous avons de nombreuses startups engagées dans cette révolution, bref il y a un écosystème français de l’informatique quantique, mais qui mérite d’être soutenu, d’où ce plan annoncé par le président tout à l’heure, 1,8 milliard d’euros sur cinq ans. Car dans le même temps, les Etats-Unis, avec IBM, Google et d’autres, et la Chine mobilisent des moyens encore plus considérables.

Pourquoi un tel investissement dans l’informatique quantique ?

Pour visualiser le potentiel, imaginez qu’une machine quantique pourra faire en quelques heures ce que les meilleurs ordinateurs actuels auraient mis, non pas des mois, mais des millions d’années à faire : vous voyez bien le "saut quantique" ! Total veut utiliser cette technologie pour simuler la captation de CO2, ça peut servir à mettre au point des médicaments infiniment plus vite qu’aujourd’hui, à modéliser la production nucléaire, à développer des intelligences artificielles, évidemment à crypter des données, les applications dans la défense sont très nombreuses etc. En clair, les pays qui maîtriseront l’informatique quantique possèderont une avance absolument décisive sur les autres. Quand je vous dis qu’il y a là un enjeu majeur de souveraineté, ce n’est pas un vain mot…