Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Et maintenant que fait-on ? Après la poussée de fièvre des "gilets jaunes", la question se pose autant pour le gouvernement que pour les partenaires sociaux.
Il n’y a pas que le gouvernement qui soit au pied du mur dans cette affaire. Le mouvement est un défi également pour les corps intermédiaires. Au fond, leur problème est un peu le même: reprendre la main par rapport à un mouvement qui leur échappe. Et qui n’attend pas grand-chose, sinon rien du tout, des syndicats. Cette situation inédite constitue un test de survie pour eux. Deux stratégies sont possibles. La première consiste à courir derrière les gilets jaunes. C’est ce que fait la CGT. Ce n’était pas l’intention première de Philippe Martinez, son patron. Mais il y a été poussé par sa base. Martinez est la tête d’une organisation dont le corps se radicalise facilement et qu’il ne maîtrise pas totalement. En soufflant sur les braises, la CGT espère rallier à elle une partie du mécontentement qui s’exprime. Stratégie peu probante pour le moment: on n’a encore pas vu de gilets jaunes proclamer : "CGT avec nous !".
Et l’autre stratégie?
Elle consiste à dire au gouvernement: "nous vous avions prévenu, vous avez négligé les corps intermédiaires, et donc, maintenant, mettons-nous autour d’une table et discutons avec tout le monde". C’est ce que disait Laurent Berger de la CFDT ce dimanche à ce micro. Mais discuter de quoi? Le leader de la CFDT propose un "Grenelle du pouvoir de vivre", manière de dire que les revendications vont au-delà du pouvoir d’achat, qu’elles n’ont pas seulement une dimension monétaire, que la question est aussi celle de l’égalité devant la transition énergétique, de la compétitivité des territoires les uns par rapport aux autres, de l’accès aux infrastructures. Cette stratégie repose sur le calcul suivant: une fois que les gilets jaunes se seront un peu organisés entre eux et qu’ils avanceront des revendications plus construites et cohérentes, ils vont s’apercevoir que ce qu’ils demandent n’est pas si éloigné des revendications des syndicats réformistes. Au fond ils vont découvrir que, comme les syndicats, ils ont le choix entre deux stratégies: celle du chaos ou celle du retour à la raison. Espérons qu’ils se rallieront à ceux qui leur conseillent la raison.
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