Nicolas Barré, L'édito économique 25.06.2015 1280x640 2:45
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La présidente du Fonds monétaire international se dit intéressée par un second mandat. 

"Tout dépendra de la volonté des membres du FMI. S'ils souhaitent que je continue à servir, c'est certainement quelque chose que je considérerai". Dans une interview à l’hebdomadaire économique Challenges, Christine Lagarde ne ferme pas la porte à un second mandat à la tête du Fonds monétaire international. Mais l'ancienne ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy, qui dirige l'institution depuis 2011, mérite-t-elle encore une telle fonction ?

"Une diplomate hors pair". "La question était déjà posée au moment de la succession de Dominique Staruss-Kahn. Il était un brillant économiste, elle était plutôt juriste. Mais elle a su s'imposer", estime Nicolas Barré, éditorialiste économie d'Europe 1. "Selon les journaux anglo-saxons, elle pouvait être une bonne porte-parole mais pas plus. Ils se sont trompés. Elle s'est révélée être une diplomate hors pair", poursuit le directeur de la rédaction des Echos. L'une de ses grandes qualités : "la liberté de ton derrière un paravent assez policé, ce qui lui donne une très grande autorité".

Cette "autorité", Christine Lagarde la met d'ailleurs à l'épreuve depuis le début de son mandat, avec la dette grecque, le dossier principal de son mandat. Le FMI, l'un des créanciers d'Athènes, exige des réformes ambitieuses du gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras. "Lorsqu'elle demande aux Grecs d'être des 'adultes', ils le reçoivent 5/5. Ils comprennent qu'il ne faut pas jouer avec les nerfs de tout le monde", décrypte Nicolas Barré.

La place des pays émergents, "le point noir". Mais cette "autorité" placée au service d'une politique ultralibérale lui vaut aussi des critiques, notamment dans l'opinion et chez de nombreux économistes. Ce weekend, quelques milliers de personnes ont d'ailleurs défilé dans les rues des capitales européennes pour protester contre la cure d'austérité imposée à la Grèce. Alexis Tsipras évoque même sa "responsabilité criminelle" dans l'échec des négociations sur la dette grecque.

En outre, Christine Lagarde reste très contestée pour la place qu'elle accorde aux pays émergents. Aujourd'hui, les Etats-Unis et l'Europe représentent à eux-seuls 49% des droits de vote au sein de l'institution. Une réforme visant à donner plus de poids aux émergents, notamment à la Chine, a été impulsée en 2010. Mais elle doit encore être adoptée par plusieurs Etats, notamment les Etats-Unis. "Christine Lagarde n'a pas réussi à débloquer le dossier. C'est le point noir de son mandat", conclut ainsi Nicolas Barré.