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Renault relance Alpine mais la stratégie de monter en gamme pour faire face à la crise économique peut s’avérer compliquée. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Le sport, le luxe et le haut de gamme, c’est l’une des voies que veut emprunter Renault pour sortir de la crise en relançant la marque Alpine, jusque sur les circuits de Formule 1.

La coïncidence est heureuse. Le jour où un Français, Pierre Gasly, remportait ce dimanche une splendide victoire sur le circuit de Monza en Italie, le nouveau patron de Renault, Luca de Meo, lui-même milanais, annonçait la relance de la marque Alpine. Alpine revient de loin. Il y a encore quelques mois, les ouvriers qui fabriquent la mythique voiture bleue dans l’usine de Dieppe craignaient au contraire l’arrêt de la production de l’Alpine A110, unique modèle de ce coupé sportif qui n’est plus produit en ce moment qu’à sept exemplaires par jour. On est plus, là, dans l’artisanat que dans les grandes cadences. Sachez par exemple que les voitures sont paluchées, comme on dit, avec une main gantée de nylon pour repérer les défauts de carrosserie et faire des retouches. Bref, on est dans le haut de gamme.

Renault veut capitaliser sur cette image.

On dit souvent que pour sauver le "made in France", il faut monter en gamme. Vous en avez là un exemple, certes modeste mais symbolique. Renault veut faire d’Alpine sa nouvelle marque de sport. Les Formule 1 s’appelleront donc Alpine et non plus Renault. Aujourd’hui, 60% des ventes d’Alpine se font en France et le reste surtout en Allemagne. La F1 va donner à cette marque une notoriété beaucoup plus large. Alpine se mesurera aux stars de la F1, Mercedes, Ferrari, MacLaren etc. Car l’idée derrière, si le pari est gagnant, c’est de développer une gamme Alpine. Il existera peut-être demain des Mégane Alpine par exemple. À une toute autre échelle, Porsche a suivi cette stratégie d’extension de sa gamme en se lançant dans les SUV dans les années 200, alors qu’il ne faisait que des sportives auparavant.

Monter en gamme, c’est ce que beaucoup d’entreprises recherchent pour sortir de la crise.

Pour que ça marche, il faut évidemment que la qualité et l’image suivent. Ça se construit sur la durée. Et il faut que les clients suivent, ce n’est pas évident. Exemple dans un tout autre secteur, le transport aérien. Le nouveau patron d’Air France, Ben Smith, a bâti le redressement de la compagnie sur la montée en gamme, sur la clientèle d’affaires. Mais c’était avant le Covid. Aujourd’hui, cette clientèle n’est toujours pas revenue dans les avions. La montée en gamme, c’est une excellente idée à condition qu’il y ait un marché. Ce sera le défi pour Renault et son Alpine.