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Dans son édito éco du jour, Nicolas Barré analyse la demande de l'Etat aux entreprises : ne pas verser de dividendes cette année si elles bénéficient d'aides publiques. Pour lui, le sujet est plus complexe qu'il en a l'air et représente un risque pour la valeur de ces sociétés.

C’est un sujet de tension entre Bercy et les entreprises : l’Etat leur demande de ne pas verser de dividendes si elles bénéficient d’aides publiques.

Pour Bruno Le Maire, les choses sont simples : les entreprises qui bénéficieront cette année de reports de charges ou d’impôts ou d’une garantie de l’Etat sur leurs prêts ne pourront verser de dividendes. C’est une question de justice, selon le ministre de l’Economie. Mais dans la réalité, le sujet est plus complexe qu’il en a l’air. 

D’abord Bruno Le Maire insiste lui-même souvent sur le fait qu’il est stratégique d’avoir des actionnaires français pour contrôler le capital de nos entreprises. Or pour cela, il faut qu’ils y trouvent un intérêt, c’est le sens même du dividende. Ensuite parce que les actionnaires viennent de subir un krach boursier : la crise leur a déjà coûté très cher. Enfin n’oublions pas que beaucoup de patrons de PME se paient en dividendes et non en salaires, on voit mal comment on pourrait les en priver…

Ce sujet divise aussi les grandes entreprises…

Oui car d’un côté, elles sont sensibles à leur rôle social, à leur "raison d’être" comme on dit, et sensibles au fait que verser des dividendes durant cette période pourrait être mal compris. Mais en même temps, supprimer la rémunération du capital a une conséquence évidente et mal venue : cela fait fondre la valeur des entreprises cotées, elles deviennent ainsi plus facilement des proies. Si la suspension des dividendes devait se traduire par plus de prises de contrôle à un moment où on chercher à renforcer notre souveraineté économique, nous n’aurions rien gagné : attention, sujet glissant…