Chaque matin, Nicolas Barré, directeur de la rédaction des Echos, fait le point sur une question d'actualité économique.
Le Premier ministre, Edouard Philippe a demandé à chaque ministère de se préparer à une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, le disait dimanche à ce micro . Ce scénario du "no deal" inquiète les milieux économiques.
Oui car il y a un fossé gigantesque entre le discours politique des jusqu'au-boutistes du Brexit et la réalité : les premiers sont totalement coupés de la vraie vie. Ils ont fait croire n’importe quoi aux électeurs, par exemple qu’avec la sortie de l’Union européenne, la sécurité sociale britannique allait récupérer 350 millions de livres par semaine.
Et encore, ce n’est qu’un des multiples mensonges qui leur ont fait gagner le référendum de juin 2016. Mais aujourd’hui, la réalité les rattrape. En particulier la réalité économique.
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C’est-à-dire ?
Les chefs d’entreprise sont catastrophés. Les Britanniques les premiers bien sûr, qui ne savent toujours pas dans quelles conditions ils pourront continuer à vendre leurs produits en Europe. Mais les entreprises européennes aussi tirent la sonnette d’alarme. Ce week-end, par exemple, le chef du patronat allemand a prévenu : "nous allons commencer à mettre en place des plans d’urgence".
Pourquoi ? Parce que s’il y a des contrôles de marchandises aux frontières et des droits de douane, ce sera beaucoup plus compliqué, long, procédurier et coûteux de travailler avec des fournisseurs britanniques.
Pour le BDI, le Medef allemand, "la base industrielle britannique va en prendre un coup" car à l’avenir, les entreprises du continent vont se tourner vers d’autres fournisseurs, situés à l’intérieur de l’Union européenne. Et on retrouve les mêmes inquiétudes, de plus en plus fortes, au sein du Medef, du patronat italien, même du patronat japonais, figurez-vous, qui l’a fait savoir la semaine dernière.
Il existe quand même encore une chance de trouver un accord avec les Britanniques ?
Oui, Michel Barnier, le négociateur européen , est prêt à prolonger les négociations avec Londres jusqu’à la mi-novembre. Pour éviter le pire sur le plan économique, justement.
Mais au moment où commence la campagne des élections européennes, il y a une leçon à tirer de cette affaire du Brexit : on peut gagner une élection avec des arguments fallacieux - et on en entend souvent lors des campagnes européennes. Mais ensuite, on le paie très cher quand la réalité vous rattrape: c’est ce que les Britanniques sont en train de découvrir chaque jour un peu plus.