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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Christine Lagarde devrait devenir la prochaine présidente de la Banque centrale européenne. Elle va devoir relever des défis immenses.

Le premier défi, bien sûr, sera de gagner la confiance des marchés financiers : Christine Lagarde est une femme politique, ça peut être un atout. L’une des armes majeures d’une banque centrale, c’est la communication. Un mot, un bout de phrase peut tout changer. En juillet 2012, en pleine crise de la zone euro, alors que des pays comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal étaient piégés par des taux d’intérêt de plus en plus élevés, il a suffi que Mario Draghi, dans un discours fameux, dise que la BCE ferait "tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro", pour que la pression retombe.

La parole d’un président de banque centrale peut avoir un effet magique sur les marchés financiers. Christine Lagarde le sait mieux que personne et elle n’a pas besoin de faire la preuve de ses talents de communication. Ce sur quoi elle va être critiquée, en revanche, c’est sur son manque d’expérience au sein d’une banque centrale.

Et en l’occurrence, on attend énormément de la Banque centrale européenne

Oui pourquoi ? Parce que la croissance faiblit en Europe. Parce que l’inflation est plus faible que ne le souhaite la BCE, ce qui n’est jamais une bonne chose car cela peut déboucher sur la déflation, c’est-à-dire une forme de déprime économique. Et enfin parce que lorsque les taux d’intérêt sont à zéro, comme c’est le cas aujourd’hui, la BCE manque d’outils à sa disposition pour soutenir l’économie.

Et dans ces cas-là, il faut faire preuve d’imagination, de créativité, savoir prendre de la liberté par rapport aux traités, faire preuve d’audace. C’est là que le rôle du président de la BCE est capital. Un bon connaisseur de la BCE me disait hier soir : la question est de savoir si Lagarde sera plutôt Trichet ou plutôt Draghi. Trichet ne sortait pas des clous, c’était la voix de l’orthodoxie, Draghi, l’actuel président, a été extrêmement audacieux.

Et il a sauvé l’Europe d’une crise grave

Son pragmatisme a sauvé la zone euro. Or il y aura d’autres secousses. Il est certain qu’il y aura d’autres crises financières. Le jour où cela arrivera, il faudra que la BCE fasse preuve d’imagination, prenne des mesures probablement non conventionnelles, ose aussi braver le camp allemand qui est gardien d’une interprétation stricte des traités. Ce sera un moment de vérité pour Christine Lagarde. Elle devra choisir : être plutôt Trichet ou plutôt Draghi.