Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
C’est la fin de l’âge d’or pour Ariane qui va supprimer 2.300 emplois dans les cinq prochaines années, un coup dur pour l’Europe spatiale.
Ariane, c’est un résumé de l’Europe. Avec ses qualités, des ingénieurs exceptionnels, et ses défauts, nous ne sommes pas unis. Et c’est vraiment rageant. ArianeGroup, le groupe industriel qui fabrique les fusées commercialisées par sa filiale Arianespace, ne joue pas avec les mêmes règles que ses concurrents américains. Pourquoi sommes-nous moins compétitifs que les Américains et notamment que SpaceX, la société d’Elon Musk ? D’abord parce qu’aux États-Unis, les clients américains achètent américain, en vertu du Buy American Act. Et ensuite parce que dans ce grand pays libéral, l’État est de très loin le plus gros client : SpaceX, il faut le dire, est un faux-nez de la Nasa qui assure près de 60% de son chiffre d’affaires !
Nous en sommes loin en Europe.
En Europe, les États comme les clients privés, les groupes de télécom par exemple, choisissent les lanceurs les moins chers, qu’ils soient américains, russes ou autres. Il n’y a pas de préférence européenne. Et pour couronner le tout, comme nous ne sommes pas unis, nous voulons chacun notre part du gâteau. Chaque pays européen qui participe au programme Ariane veut un "retour-pays", comme on dit dans le jargon, c’est-à-dire des retombées locales. Et c’est pour ça que la production du futur lanceur Ariane 6, censé concurrencer Space X et être moins coûteux qu’Ariane 5, sera répartie dans 16 sites industriels en Europe, contre un seul site pour SpaceX. Comment voulez-vous rivaliser ? C’est rageant car l’Europe a tous les atouts pour être une grande puissance spatiale. Et qu’elle est en train de se faire détrôner par un acteur privé américain poussé à bout de bras par l’État fédéral qui veut tuer l’industrie spatiale européenne. Il est temps de se réveiller et de dire non à cette fatalité.
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