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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse au discours des candidats à la présidentielle et plus particulièrement à celui d'Éric Zemmour concernant la vaccination.

L’Opinion publie ce lundi matin une tribune d’Eric Zemmour sur la crise sanitaire.

Oui, et sur la stratégie qu’il préconise après ce qu’il appelle le fiasco et les mensonges du début de la crise. A l’avenir, dit-il, nous allons devoir vivre avec le virus, ce qui signifie que les mesures prises pour lutter contre les différents variants devront pouvoir être pérennes, définitives. Et dans ce contexte, toujours selon Eric Zemmour, le gouvernement commet une faute majeure en entretenant un climat de peur, pour des raisons politiciennes. Le candidat du parti Reconquête accuse même Emmanuel Macron d’instrumentaliser la crise Covid, en fabriquant avec cynisme ce qu’il appelle une « lutte des classes vaccinale » favorable à ses électeurs, et en multipliant les atteintes aux libertés.

«Climat de peur», «atteintes aux libertés», est-ce que ça veut dire qu’Eric Zemmour est contre le pass sanitaire ?

Absolument, oui. Et contre le pass vaccinal, c’est-à-dire contre ce durcissement des conditions d’obtention du pass sanitaire. En fait, il considère que la population française est l’une des plus vaccinée au monde (au passage, il n’en crédite pas le gouvernement), et qu’il ne sert à rien de l’empêcher de mener une vie normale. Il va même plus loin, puisqu’il affirme, dans cette tribune, qu’avec lui au pouvoir, « il n’y aura plus de confinement ni de restrictions aux libertés individuelles comme le pass sanitaire ou vaccinal ». C’est donc une prise de position très tranchée (il ne cite même pas les fameux gestes barrière). Même hostilité en ce qui concerne la vaccination des enfants.
Il est contre la vaccination ?

Oui, pour les enfants. En revanche, il délivre un message qui se veut « sans ambiguïté » en faveur du vaccin.  Je dis « qui se veut sans ambiguïté », parce qu’en réalité, il n’est pas totalement clair : Eric Zemmour « invite toutes les personnes âgées et fragiles » à recevoir leur dose. Mais pas un mot pour les Français en bonne santé qui ne sont pas vaccinés, sur ceux qui forment les cohortes d’anti-vax. Parce qu’ils sont nombreux à se situer politiquement dans les extrêmes, ces anti-vax, et on sent bien que lui, comme Marine Le Pen ne veut pas s’empêcher de recruter des électeurs dans cette population-là. La patronne du Rassemblement nationale est par exemple contre la suspension des soignants qui ne sont pas vaccinés.

Les autres candidats sont favorables à la vaccination ?

Oui, c’est un fait, dans un pays qui compte plus de 120.000 morts à cause du Covid, impossible aujourd’hui d’être candidat à l’élection présidentielle en étant opposé au vaccin. Le seul à s’être distingué, c’est Nicolas Dupont-Aignan qui avait estimé il y a quelques mois que vacciner des millions de Français « qui n’en ont pas besoin » était « une aberration, un scandale incroyable ». Tous les autres prétendants à l’Elysée défendent fermement le vaccin (les socialistes vont même jusqu’à proposer qu’il soit obligatoire). La dernière à s’être convertie, c’est justement la dernière candidate à être entrée en lice : Christiane Taubira. En septembre dernier, elle avait refusé d’appeler à la vaccination en se réfugiant derrière un discours alambiqué sur le thème : qui suis-je pour dire de se faire vacciner, moi qui ne suis pas médecin et ne dispose pas d’information sur ce sujet ? Une position qui avait largement choqué, et dont elle a encore du mal à se défaire.

Ce week-end en particulier, elle s’est totalement emmêlé les neurones sur le pass vaccinal et la vaccination, dans une déclaration incompréhensible, du grand Taubira. Il faut dire qu’elle est habituée à se perdre elle-même dans ses propres déclarations, toujours emphatiques, souvent amphigouriques. Tenez, lors de sa déclaration de quasi-candidature, vendredi matin, elle a expliqué qu’elle voulait représenter les Français « parce que l’essentiel, c’est quand même le sens de qui nous sommes ». Comprenne qui pourra. En tout cas, pour sortir de ce embrouillamini, Christiane Taubira s’est rendue dans un centre de vaccination pour dire que le vaccin, c’était bien pour tous. Pour être candidat à l’Elysée, il faut être vacciné et le dire.