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Le patron des députés de La République en marche a envoyé une note à Emmanuel Macron, avec un scénario de remaniement gouvernemental. Cette note aurait dû rester confidentielle, mais elle a mis un incroyable bazar dans la macronie… car Gilles Le Gendre demande la tête du Premier ministre.

 

On savait que ces deux-là ne s’entendaient pas. Mais quand une demande d’exécution politique est faite noir sur blanc, ça prend une tout autre dimension. En plus, Gilles Le Gendre arrose à 360°, criblant de balles Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire qu’il citent comme remplaçants potentiels du Premier ministre pour immédiatement les trouver pas à la hauteur. Un festival…

Mais sur le fond, ça semble valider l’hypothèse d’un remaniement ministériel ? 

A première vue, oui. Et c’est normal qu’un ajustement ait lieu après les municipales, pour entamer une nouvelle période politique au sortir de la crise du Covid. Des ministres vont tourner, d’autres vont partir. Mais le vrai sujet, c’est : est-ce qu’Edouard Philippe sera maintenu ou pas à Matignon ? Il est plus populaire qu’Emmanuel Macron, il a plutôt bien géré la crise, mais il est la cible de tous ceux qui (comme tous les six mois) plaident dans la majorité pour un tournant social, pour une poussée fiscale, bref pour un virage à gauche.

Ce virage, on le sait maintenant, ne sera pas un tête-à-queue. En particulier, Emmanuel Macron voudrait relancer la réforme emblématique des retraites (quitte à la modifier sur certains points). Le Président pouvait donc jusqu’ici miser sur le scénario suivant : je ne bouleverse pas ma politique (qui a eu de premiers résultats), mais il me faut quelqu'un d’autre pour l’incarner, pour habiller politiquement ce maintien de cap. Cette note met tout par terre…

Parce qu’elle fait passer le Premier ministre pour une cible ?

C’est ça. Elle embarrasse le chef de l’Etat, elle exaspère le Premier ministre qui peut se sentir agressé, et elle révèle qu’il n’y a pas de relève en macronie. Avant de la signer, Gilles Le Gendre aurait dû méditer cette remarque cruelle de George Clémenceau à un diplomate : "Pour être un bon ambassadeur, avait dit le Président du Conseil, il ne suffit pas d’être stupide, encore faut-il être aimable".