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Ce jeudi de l’Ascension est traditionnellement pour tous les Français un jour férié. Mais pour les chrétiens, c’est beaucoup plus que ça… C’est une fête religieuse très importante dans le calendrier liturgique des catholiques, des protestants comme des orthodoxes. Tellement importante que, malgré la séparation de l’Eglise et de l’Etat, elle est historiquement devenue un jour de repos pour tous, afin de pouvoir assister aux offices.

Sauf qu’aujourd’hui, il n’y aura pas d’office, confinement oblige…

Oui, puisque tous les lieux de culte de toutes les religions ont été fermés depuis la mi-mars. C’est une décision qui avait alimenté beaucoup de débats, nombre de croyants soulignant que, dans une période aussi difficile que le confinement, et face au danger de mort propagé par le virus, la pratique de la religion, des religions, pouvait représenter un secours moral essentiel. Et ce débat est devenu intense lorsque, malgré le déconfinement, à partir du 11 Mai, le gouvernement a maintenu l’interdiction de pratiquer le culte. Une décision assez incompréhensible, d’ailleurs : on pouvait retourner dans les hypermarchés, reprendre le train, le métro, les enfants pouvaient retourner en classe, mais on ne pouvait pas, catholiques, juifs, musulmans, se réunir pour célébrer son Dieu. En respectant bien sûr les gestes barrière…

Justement, le Conseil d’Etat a sanctionné cette décision du gouvernement…

Oui, en des termes très durs : interdiction « disproportionnée », « atteinte grave et manifestement illégale » à la liberté de culte, le gouvernement a reçu une injonction (là aussi un terme très sec), à remplacer son dispositif par des mesures plus souples. Ce n’est pas la première fois depuis le début du confinement que le gouvernement se fait taper sur les doigts par le juge administratif pour avoir piétiné quelques libertés fondamentales. Il y a quelques jours encore, il a par exemple interdit l’emploi de drones pour surveiller les conditions du déconfinement dans les rues de Paris. C’est évidemment un sujet d’une tout autre importance, mais le fond est le même : l’état d’urgence sanitaire ne peut pas tout justifier. La France est un Etat de droit, et même en temps de guerre, les citoyens doivent être protégés contre une forme de confiscation de leurs droits et de leur liberté. Avec le recul, c’est d’ailleurs étonnant que le gouvernement n’ait pas eu la subtilité de comprendre qu’au moment du déconfinement, s’il rétablissait presque toute la liberté de circuler, il pouvait aussi restaurer la liberté de pratiquer sa religion.

En tout cas, le gouvernement a jusqu’à lundi pour publier une nouvelle règle de fréquentation des lieux de culte…

Oui, ce ne sera donc pas fait aujourd’hui, pour cette fête chrétienne qu’est l’Ascension. C’était pourtant assez simple à organiser. Qui sait : peut-être une petite mesquinerie du côté du ministère de l’Intérieur, qui est aussi celui des cultes. Allez, pas grave : pour les catholiques, la mesquinerie n’est qu’un péché véniel…