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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il revient sur le report d'une semaine du plan de relance de l’économie et de l'enjeu de cette rentrée pour Emmanuel Macron et Jean Castex.

On s’attendait à une rentrée sous le signe de la relance de l’économie, avec le plan à 100 milliards d’euros qui devait être présenté ce mardi, mais le dispositif a été reporté d’une semaine.

Alors que tout indique que le plan était ficelé, dans le détail, et jusqu’au dispositif de communication du gouvernement. Explication officielle : contrairement aux apparences, ce n’est pas un couac, mais une manière d’échelonner les annonces. D’abord les mesures sanitaires, les nouvelles règles sur le port du masque, y compris en entreprise et à l’école. Et ensuite, ensuite seulement, la relance.

Qui passe donc, en quelque sorte, au second plan ?

C’est le risque en terme d’affichage, en effet. Nicolas Beytout vous épargne les déclarations de convenance sur le thème : "la santé des Français, c’est primordial, c’est la priorité des priorités". Bon, d’accord, mais la survie de l’économie et l’état du pays, ça ne l’est pas moins. Emmanuel Macron le dit depuis plusieurs mois : la rentrée sera "difficile", alors autant éviter ce genre de petit raté. Il est vrai que les deux sujets obéissent à un tempo différent. Les masques, les contrôles, le retour des sanctions, c’est pour l’immédiat. Il faut affronter (tout de suite) et dominer ce que le ministre de la Santé, Olivier Véran, qualifie désormais de "situation à risque" dans une interview au JDD, ce dimanche.

La relance c’est donc pour après ?

C’est pour la suite, oui. C’est ce qui va déterminer le climat économique, social et donc politique des 12 à 18 prochains mois. Et il n’aura échappé à personne que18 mois, c’est la durée qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle. Ce qui se jouera, avec les 100 milliards du plan de relance, c’est la capacité de la France à absorber un choc social comme le pays n’en a pas connu depuis un siècle, c’est la possibilité de sauver ce qui peut l’être du tissu entrepreneurial français, c’est le pari de restaurer un minimum de la confiance des Français dans l’avenir. Vous avez là la plupart des clefs de la dernière partie du quinquennat. Le plan de relance, c’est la deuxième étape de l’objectif 2022.

La première étape, c’était quoi ? Jean Castex Premier ministre ?

Absolument. Mais pour lui, les choses sérieuses commencent. Il a plutôt bien réussi son entrée dans l’atmosphère politique, son atterrissage-surprise à Matignon a été bien géré, et il s’est démené tout l’été, parcourant la France et occupant les médias. Comme on dit : ça, c’est fait, les Français commencent à le connaître, le moment est venu d’enclencher la deuxième étape, la relance, et de dérouler le dispositif qui permettra à Emmanuel Macron d’être candidat à sa succession. Inconvénient : tout ça se passe dans un climat de très grande incertitude sanitaire ; mais avantage : ce climat ne profite pour l’instant à aucun des adversaires politiques du chef de l’État. Comme on disait ce dimanche soir à Paris ou à Munich, c’est la glorieuse incertitude du sport.