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Dans le journal l'Opinion, le maire de Grenoble Eric Piolle prend position pour l'abandon de la dette Covid, refusant de "se soumettre à l'empire ultra-libéral". Le sujet risque de devenir le grand débat de l'élection présidentielle dans un an. 

Après Marine Le Pen, c’est au tour d’un autre candidat potentiel à la présidentielle de prendre position dans l’Opinion sur la dette. Cette fois, c’est Eric Piolle, le maire de Grenoble. 

Et représentant de l’aile gauche des écolos. Et vous allez voir, il n’y va pas par quatre chemins : rembourser la dette, selon lui, c’est "se soumettre à l’empire ultra-libéral, aux puissances de l’argent et aux dogmes sur la dette". Et, ajoute-t-il, tout ça mène "à la casse du service public, à l’abandon des plus fragiles et à l’inaction climatique".

Au fond, dans l’esprit d’Eric Piolle, Macron-Le Pen, c’est bonnet blanc-blanc bonnet. En tout cas, cette attaque politique virulente le prouve clairement : cette affaire de la dette Covid sera un des grands marqueurs de la prochaine campagne présidentielle.

Avec quel type de clivage ? Est-ce qu’on va retrouver la césure gauche-droite ?

A gros traits, oui, ce sera le cas. Mais avec pas mal de nuances. En fait, une partie de la gauche estime qu’il faudra rembourser cette dette (celle-là comme les autres dettes de l’Etat). C’est la gauche gestionnaire, l’aile plutôt sociale-démocrate. Et plus on va vers la gauche, plus on trouve d’opposition au remboursement (c’est le cas de Jean-Luc Mélenchon, par exemple).

A droite aussi, on trouve le même genre de division, mais cette fois entre libéraux ou gaullistes de pure extraction qui pensent que l’Etat ne peut pas manquer à sa parole, et puis une autre aile de la droite, plus populiste et qui prétend qu’il faut se libérer de certains carcans pour, par exemple, rembourser sur un siècle. Un peu une fiction, bien sûr.

Et justement, chez les écologistes, est-ce que la position d’Eric Piolle est majoritaire ?

Chez les militants, sûrement, chez les électeurs, c’est plus douteux. Yannick Jadot (qui campe une ligne écolo moins en rupture) est plus prudent : pour lui, parler de remboursement ne sert à rien aujourd’hui puisque les taux d’intérêts sont super-bas. Une façon de botter en touche ou de concilier plus large.

Vous disiez que le remboursement de la dette sera un marqueur de la prochaine campagne présidentielle.

Oui, parce que le choix politique de rembourser ou pas la dette orientera tout le programme économique, social, budgétaire, fiscal des candidats. Quels moyens financiers doit conserver l’Etat, quelles actions sociales sont encore possibles si on rembourse ou pas, quels impôts créer ou pas ?

Avec, en toile de fond, un autre marqueur fort des élections de 2022 : la jeunesse. Faut-il se désendetter rapidement pour ne pas lui laisser, au-delà de toutes ses difficultés actuelles, un fardeau de plus à l’avenir ? Et si on ne rembourse pas, comment trouver ensuite des créanciers pour payer, année après année leur modèle social, nos dépenses sociales, nos déficits sociaux ? En 2017, le débat s’était installé autour de la vision libérale initiée par François Fillon. Cette fois, parions-le, la dette sera de toutes les discussions.