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Alors que la mobilisation sociale contre la réforme des retraites ne semble pas vouloir s'apaiser, le président de la République lance une grande consultation citoyenne sur le sujet.

Emmanuel Macron renoue avec le Grand débat. Il sera ce jeudi soir à Rodez où il parlera de la réforme des retraites.

Et il y a de quoi faire. Le sujet est immense et les risques politiques aussi. Les premières grèves ont commencé à instiller le doute dans les esprits. Des doutes sur la faisabilité politique de la réforme et des questions sur son utilité même. Et plus on entend d’exemples de professions qui risquent d’y perdre avec le nouveau système, plus on commence à douter que cette réforme soit juste.

C’est pourtant un des principaux arguments de Jean-Paul Delevoye, son projet corrigera-t-il vraiment des injustices ?

D’abord, il va en créer des injustices. Tous les régimes autonomes comme les professions libérales, les avocats et bien d’autres encore vont y perdre, alors que leurs caisses sont aujourd’hui bien gérées et excédentaires.
Quant à réduire les injustices, ce n’est pas la vocation d’un système de retraite. Sa fonction est de permettre à ceux qui ont cotisé de partir sereinement à la retraite. Ce n’est pas de redistribuer la richesse ou de corriger les inégalités de carrières. Bien entendu, si le système actuel accentue les inégalités (par exemple pour les femmes ou pour les carrières hachées) ou au contraire accentue certains avantages (c’est le cas pour les régimes spéciaux), il faut le régler à nouveau, l’assouplir dans un cas et le durcir dans l’autre. Mais se servir des pensions de retraites pour réduire les inégalités de revenus, alors c’est un vrai contresens.

Ça revient à mettre en cause l’ensemble de la réforme ?

Au fond, Nicolas Beytout craint que cette réforme ne soit partie sur de mauvaises bases. C’est une construction intellectuelle parfaite, mais la confrontation avec le réel est redoutable. L’idée de faire la grande réforme qui s’applique à tous, c’est chic, mais ça répond à quel besoin ? C’est une réforme "systémique", nous dit-on. On change le système, ce qui est supposé être mieux que de faire du "paramétrique", c’est-à-dire où on se contente de régler des paramètres. Essayez de demander à un enseignant dont la retraite devient un mystère s’il est content de vivre bientôt un moment "systémique".

Pas sûr qu’il apprécie !

Autre exemple de cette construction intellectuelle avec la retraite à points, le fameux système suédois porté aux nues par une partie de la gauche qui est devenu un totem pour la CFDT. On commence à comprendre que le dispositif n’est pas vraiment calé (par exemple que la valeur du point pourra être modifiée chaque année). Un peu raide, quand même. Le système à point est comme le design suédois, c’est chic, épuré et tendance mais ce n’est pas le plus confortable.