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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse au référendum sur le climat souhaité par Emmanuel Macron et qui a peu de chance d'être voté en l'état. Selon lui, le danger viendrait des Français qui rejettent cet absolutisme écolo et c'est un risque fou à six mois de l'élection présidentielle .

Le décompte qui doit aboutir au référendum sur le climat a été enclenché.

Le Conseil des ministres a en effet adopté le projet de loi qui, s’il était voté dans les mêmes termes par l’Assemblée et le Sénat, serait ensuite soumis au vote des Français par référendum.

Il faut en parler au conditionnel ?

Parce qu’il y a peu de chances que le Sénat adopte le texte du projet tel qu’il a été voulu par Emmanuel Macron. À première vue, c’est une affaire pourtant simple. Il n’a fallu que 55 petites secondes, montre en main, à Gabriel Attal pour en parler dans son compte-rendu du Conseil des ministres. Sauf que tout dépend d’un mot, d’un verbe très précisément.

Un verbe ? C’est-à-dire ?

Avec ce projet de loi, il serait inscrit dans la Constitution que "la République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement, et lutte contre le dérèglement climatique". "Garantit", c’est un mot très fort, presque coercitif. Tout ce qui ne "garantit" pas la biodiversité devient anticonstitutionnel. À droite, mais aussi dans une partie de la majorité présidentielle, on préfèrerait plutôt dire "favorise" : la République favorise la biodiversité et la lutte contre le dérèglement climatique. C’est une intention, solennelle certes, mais pas une contrainte paralysante pour une bonne partie de l’activité humaine. Et du choix de ce mot, de ce verbe, dépendra le succès ou l’échec du référendum.

Si c’est le verbe "garantit" ?

Le danger, c’est qu’une partie des Français rejette cet absolutisme écolo, comme ils avaient rejeté la taxe carbone. Un référendum, c’est toujours un exercice très délicat pour un Président de la République. Mais un référendum six mois avant une élection présidentielle, c’est un risque fou.

Et si c’est le mot "favorise" ?

Les chances d’un oui seraient plus importantes. Mais voilà, qui irait voter pour introduire dans la Constitution un grand principe généreux, mais sans portée réelle. Les Français auraient vite fait de considérer que l’opération référendum est une manœuvre politique d’Emmanuel Macron pour engranger à peu de frais un succès électoral le propulsant vers la présidentielle. Et ils n’iraient pas forcément voter, ce que vient de souligner un sondage : un électeur seulement sur trois se déplacerait et le référendum ferait pschittt. C’est le quitte ou double de ce genre de vote : soit on clive et on risque l’échec, soit on endort et on risque de ne rien gagner.