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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce jeudi, il s'intéresse à la bataille entre Emmanuel Macron et la droite concernant la révision constitutionnelle sur l’environnement.

C’était une promesse d’Emmanuel Macron aux 150 citoyens de la Convention Climat, l’Assemblée nationale a adopté cette semaine la révision constitutionnelle sur l’environnement.

Elle introduit dans l’article 1er de la Constitution l’obligation pour la France de garantir la préservation de l’environnement. Un premier pas vers un référendum sur le climat et un symbole fort.

Ça a divisé la droite qui a voté en ordre dispersé.

Une partie des Républicains a voté contre et une partie s’est abstenue. Mais attention, ce qui pourrait passer pour un éclatement de l’opposition et une victoire politique d’Emmanuel Macron pourrait bien au contraire être un piège pour le chef de l’État. Comme d’habitude, le texte voté par l’Assemblée doit maintenant l’être par le Sénat. Mais comme il s’agit d’une réforme de la Constitution, les deux chambres doivent voter le texte dans les mêmes termes, avant qu’il soit éventuellement soumis à référendum, à l’automne prochain. Il suffirait donc que le Sénat change une virgule pour que le processus soit bloqué. Or, la droite est majoritaire au Sénat.

Et c’est donc ce qu’elle va faire ? Elle va amender le texte ?

Pas sûr, non. Et c’est là le piège. Certains parlementaires de droite font le calcul suivant : si on vote contre, on va être caricaturés en droite ringarde anti-écolo. On pourrait donc s’abstenir, laisser adopter le texte par la minorité En Marche du Sénat, et dire chiche à Emmanuel Macron : on vous donne rendez-vous pour une épreuve de force autour d’un référendum. Un des leaders de la droite sénatoriale confiait ce mercredi : "puisque le Président veut donner la parole au peuple, ce n’est pas nous, gaullistes, qui l’en empêcherons. Mais il prendra son risque, parce que nous ferons campagne contre la réforme constitutionnelle telle que votée par En Marche". Objectif, faire battre le Président à six mois de la présidentielle. Un cataclysme garanti.

Et c’est ce qui peut se passer ?

Si votre question porte sur la stratégie de la droite, elle hésite encore. Certains parlementaires disent que leur devoir démocratique c’est de voter selon leur conviction, pas selon une stratégie. Et donc de modifier le texte de l’Assemblée (fin de la réforme). Mais si votre question porte sur le référendum, oui un échec du Président serait parfaitement envisageable.

Et il prendrait ce risque, le risque de ce cataclysme ?

Ça peut lui ressembler. Mais il reste une dernière hypothèse : Emmanuel Macron n’a rien fait pour chercher un accord, un consensus avec la droite, alors qu’il savait dès le début qu’elle s’opposerait au texte. Il n’a rien fait pour empêcher le blocage. Avantage : la droite plante la réforme, elle passe pour anti-climat. Et lui passe pour le réformateur contrarié, tout en échappant à coup sûr à un référendum hautement périlleux.