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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mercredi, il revient sur la baisse des intentions de vote d'Emmanuel Macron et sur la montée de ses principaux adversaires : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

La totalité des sondages s’accordent en ce moment sur un point : le score d’Emmanuel Macron est orienté à la baisse, tandis que celui de ses principaux poursuivants sont au contraire à la hausse.

Oui, et ces poursuivants, ce sont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon qui tous les deux grappillent jour après jour un demi-point par-ci, un point par-là. Alors certes, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, en vieux briscards des joutes électorales en sont à leur troisième tentative, et ça se sent. Leurs campagnes sont pour l’instant les meilleures. L’un, Mélenchon, a réussi à renouveler la forme de ses prises de parole et à recréer dans ses grands rassemblements un souffle que d’autres candidats auraient aimé susciter dans leurs meetings. Quant à Marine Le Pen, elle n’a pas varié de son choix de faire une campagne de terrain, principalement axée sur le pouvoir d’achat.

Les circonstances lui ont donné raison. Mais ce n’est pas tout. Vous le notiez il y a un instant, Dimitri, alors que ses poursuivants montent, Emmanuel Macron, lui, continue de reculer. Ce qui donne aujourd’hui, à 5 jours du premier tour, un écart Macron-Le Pen de 4 à 5 points (il n’a jamais été aussi faible), et ensuite un fossé de 6 à 8 points avec Jean-Luc Mélenchon. Je ne vais pas vous dire que le premier tour est joué (ça n’aurait aucun sens), mais ce qui est frappant dans l’observation des tendances à l’œuvre depuis une semaine, c’est que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la campagne.

Une nouvelle phase ? C’est-à-dire ?

Ce qu’il faut observer, c’est ce qui se passe à l’intérieur des binômes (des tandems, comme le dirait Emmanuel Macron). Il y a un binôme Jean-Luc Mélenchon-Fabien Roussel, au sens où tous les deux prospèrent sur le même terreau politique. Et il y a bien sûr un binôme Le Pen-Zemmour, qui bataille pour décrocher les votes d’une droite nationale. Et là, l’évolution révélée par les sondages est très nette : la montée de la candidate du Rassemblement national (qui se hisse à 23% d’intentions de vote, par exemple dans le Rolling de l’Ifop pour Paris-Match) est assez précisément calquée sur la baisse du candidat Reconquête ! qui est en train de passer sous la barre des 10%. Même effet "vases communicants" entre le candidat de La France Insoumise qui atteint (voire dépasse légèrement) les 15% d’intentions de vote, une progression qui est parallèle à la baisse du candidat communiste qui a quitté la zone des 5% pour ne plus être crédité aujourd’hui que de 3% environ. Tout se passe comme si les électorats respectifs de ces deux binômes avaient commencé à intégrer la possibilité d’une victoire. Jean-Luc Mélenchon, en adepte de la méthode Coué, continue à répéter qu’il sera au second tour.

C’est assez peu probable, mais ça alimente une sorte d’énergie haussière (qui asphyxie au passage Yannick Jadot et Anne Hidalgo). Et du côté de Marine Le Pen, on a le même phénomène au détriment d’Eric Zemmour : son rassemblement du Trocadéro ne lui a pas permis de relancer sa dynamique de reconquête, et il n’est plus aujourd’hui dans le récit et dans le scénario de la campagne. Circonstance aggravante : contrairement à ce qu’il prétendait, Marine Le Pen s’approche, dans les sondages, de la zone où elle pourrait espérer battre Emmanuel Macron, ce que l’ancien journaliste lui avait vigoureusement dénié. Résultat, une partie de ses électeurs viennent (ou reviennent) vers Marine Le Pen. Une sorte de réflexe de vote utile. Cette dynamique-là est enclenchée. Il y a de bonnes chances pour qu’elle se maintienne jusqu’à dimanche.

Et Valérie Pécresse ? Elle avait beaucoup souffert, au moment du déclenchement de la guerre d’Ukraine, d’une fuite de ses électeurs vers Emmanuel Macron.

Oui, mais elle ne les a pas récupérés. Et on voit même qu’une partie des électeurs de droite qui avaient voté Fillon en 2017, se tournent maintenant vers Marine Le Pen. Ils n’ont jamais été aussi nombreux (13%). Le vote utile, vous dis-je.