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Le cap des 1.000 personnes infectées en France a été franchi ce week-end. Cependant, il n’est toujours pas question de repousser les élections municipales. Édouard Philippe affirme même que "l’idée de reporter les élections n’est jamais venue à l’esprit".

Le report des élections municipales n’aurait jamais été envisagé, est-ce crédible ?

Pas totalement, non. Dans son principe, la tenue du premier tour de scrutin est une nécessité. C’est François Baroin, le président de l’association des Maires de France qui le dit : "Ce scrutin se tiendra, et c’est normal. Si on met entre parenthèses la démocratie, on met entre parenthèses le pays". On tient donc le calendrier. Sauf qu’il est impossible de prétendre que la crise du coronavirus n’a pas d’impact politique.
Ne serait-ce que sur les aspects matériels de l’organisation ?

C’est-à-dire la gestion des files d’attente, la promiscuité et la protection des membres du bureau électoral, en particulier pour le dépouillement. Tout ça est compliqué mais c’est surmontable, avec une bonne dose d’organisation et de prudence. Voilà pour les aspects matériels. Mais il y a tout le reste comme le déroulement de la campagne. Certains maires et des candidats sont empêchés de faire campagne, plusieurs meetings ont été annulés ou le seront, ça ne fait aucun doute. Mais c’est dans les départements de l’Oise et du Haut-Rhin que la question se pose vraiment. Là, c’est impossible de prétendre que la démocratie fonctionne sans entrave. Or, il reste près d’une semaine et on frémit à l’idée d’une extension à d’autres zones de ces mesures de confinement. Un peu comme en Italie. La question est donc de savoir s’il y a rupture de l’égalité devant le scrutin. Dans la mesure où tout le monde affronte la même situation et doit surmonter les mêmes difficultés, la réponse est plutôt non.

Sur le fond de la campagne ?

Là encore, le contexte général est profondément impacté. Tous les autres sujets (y compris la réforme des retraites) sont évacués par le Coronavirus. Autre conséquence de cette crise sanitaire, les personnes âgées, elles sont à la fois celles qui sont les plus vulnérables et celles qui votent traditionnellement le plus. Ces personnes âgées vont certainement moins se déplacer dans les bureaux de vote. Or, c’est un électorat plutôt conservateur et réputé en général plus à droite. Mais encore une fois, rien qui ne justifie pour l’heure de reporter les élections.

Reste le cas d’Emmanuel Macron qui est désormais totalement investi sur ce seul sujet du Coronavirus. Tout le reste dans son emploi du temps passe au second plan. Les jours qui viennent seront déterminants pour lui car un loupé dans le dispositif et il en sera tenu pour responsable. Une bonne gestion à l’inverse et il peut, à  lui seul, en récolter les bénéfices. Ça comptera pour les élections et pour la suite. Au lendemain du second tour, on entrera dans une nouvelle phase du quinquennat.  Pour lui, ce qu’il réussira ou pas dans les deux semaines qui viennent va peser lourd sur la suite de son mandat.