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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce lundi, il s'intéresse à la victoire du non à l’indépendance dans le référendum organisé en Nouvelle Calédonie. Selon lui, le résultat d’hier est définitif, ceux qui ont perdu ne sont en rien des victimes et la France ne doit rien céder à ceux qui ne reconnaissent la démocratie que si elle leur est favorable.

«La France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester », a déclaré hier Emmanuel Macron en prenant acte de la victoire du non à l’indépendance dans le référendum organisé en Nouvelle Calédonie.

La France plus belle, c’est la même formule que celle que le Président de la République avait déjà employée il y a trois ans, lors du premier référendum. Hier, c’était le troisième du genre, et toujours sur l’indépendance. Mais cette fois, le non à l’indépendance l’a très massivement emporté (96%), conséquence du boycott imposé à leurs partisans par les indépendantistes Kanaks. Le oui à la rupture avec la France n’avait donc aucune chance, ce qui a permis aux leaders Kanaks de contester le résultat, à peine avait-il été proclamé. C’est ainsi que, référendum après référendum, la démocratie à la mode néo-calédonienne finit par ressembler à un jeu stupide dans lequel, tant que le camp de l’indépendance n’a pas gagné, on revote. C’est la démocratie à l’usure. Et de fait, les indépendanstites en appellent à l’ONU pour faire invalider le scrutin.

Sans avoir, semble-t-il, de réelles chances d’aboutir.

Effectivement. Le référendum s’est tenu, il ne semble pas avoir été entaché de fraudes, le processus tel qu’il avait été fixé il y a 23 ans est bouclé. Il est temps d’en sortir, et tant pis pour ceux qui ont boycotté le vote : leur prétexte (le Covid a davantage touché les Kanaks que les Caldoches blancs) ne change rien au fait que la majorité s’est prononcée. Oh bien sûr, il y a eu une forte abstention… ben oui, puisqu’il y a eu boycott. Et bien sûr, Jean-Luc Mélenchon a protesté. Je dis « bien sûr », parce que le leader de la France Insoumise est réputé avoir une conception très particulière de l’arithmétique électorale (chacun se souvient que, bien qu’étant arrivé 4ème au premier tour de la dernière présidentielle, en 2017, il avait pendant des mois expliqué qu’il avait gagné « à 600.000 voix près »). Oui, bon, il avait perdu. Et cette fois, en Nouvelle-Calédonie, il explique que, avec 44% de participation, le résultat n’est pas légitime. Avec un tel raisonnement, les élections « légitimes » seraient rares : il n’y avait que 41% de participation aux dernières municipales (est-ce que les maires sont illégitimes ?) ; et à peine 35% aux dernières élections régionales (est-ce que les présidents et présidentes de région élues l’an dernier seraient illégitimes ?) Difficile à admettre.

Il va quand même y avoir un quatrième référendum, dans deux ans.

Oui, mais cette fois, pas pour dire oui ou non à l’indépendance, mais pour adopter le statut particulier sous lequel la Nouvelle-Calédonie va devoir vivre à l’avenir sa relation avec la France : un peu d’autonomie, un peu de dépendance. Ce subtil équilibre est maintenant à construire. Et ce qu’on entend ne prédispose pas forcément à l’optimisme. Dans beaucoup de commentaires politiques, en effet, on sent poindre une sorte de culpabilité de la France à l’égard des Kanaks : « il faudra tenir compte de cette réalité d’un pays divisé, il faudra réconcilier les deux camps, il faudra dépasser la situation ainsi crée, lutter contre les inégalités entre les deux populations. » C’est curieux, cette façon de se réjouir du résultat en soulignant principalement tous les problèmes que ça pose. Et c’est curieux de donner ainsi des arguments aux Kanaks, les indépendantistes qui ont pourtant choisi de se fabriquer une posture politique en sabotant le référendum. Ce résultat d’hier est définitif, ceux qui ont perdu ne sont en rien des victimes ; la France ne doit rien céder à ceux qui ne reconnaissent la démocratie que si elle leur est favorable.