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Ce mercredi, alors que Marine Le Pen est l'invitée d'Europe 1, Nicolas Beytout revient sur la candidature de Marine Le Pen à l'élection présidentielle, alors que la présidente du Rassemblement national est l'invitée de la matinale d'Europe 1.

Bonjour Nicolas, alors que Marine Le Pen est l'invitée de la matin, vous revenez sur sa candidature pour l'élection présidentielle de 2022. 

Oui, la déjà candidate : ça fait un mois que la présidente du Rassemblement national s’est déclarée. Même si la plupart des grands fauves politiques ne pensent qu’à ça très longtemps à l’avance, jamais une déclaration officielle n’était intervenue si tôt.

Et pourquoi décide-t-elle de se lancer si tôt ?

Parce que c’est une évidence : Marine Le Pen contrôle le parti qu’elle a rebaptisé, écartant son père, Jean-Marie, puis Florian Philippot, et tenant à distance sa nièce Marion Maréchal. Elle est donc la candidate naturelle, la seule, incontournable. Sauf que, traditionnellement, c’est l’inverse qui se produit. Regardez Anne Hidalgo : sa candidature à Paris était une évidence depuis longtemps, mais elle ne s’est officiellement déclarée qu’à 2 mois des municipales.

Il y a donc une autre raison ?

Oui, installer, verrouiller son match avec Emmanuel Macron. Ces deux là font la paire, ils sont très satisfaits de ce casting pré-annoncé pour le 2ème tour de la présidentielle de 2022. C’est dit, c’est fixé : la gauche est éparpillée façon puzzle, Jean-Luc Mélenchon s’est abîmé tout seul et la droite court toujours après le gros des électeurs qu’Emmanuel Macron lui avait siphonnés. Dans l’esprit de Marine Le Pen, ce sera la revanche du duel mondialisation contre nationalisme, candidat dit de l’élite, contre candidate auto-proclamée du peuple. Le problème, c’est qu’il ne suffit pas de dire qu’on court une course pour arriver au bout. Il faut se préparer…

Et probablement faire oublier l’épisode précédent, la défaite de 2017 ?

Oui, et le calamiteux débat de l’entre-deux tours. Mais, il faut bien reconnaître à Marine Le Pen une belle capacité de résistance. Après des mois sous le choc, elle est remontée sur son cheval. Elle a bien manœuvré lors des épisodes Gilets jaunes et grèves contre la réforme des retraites. Elle engrange, elle travaille, elle comprend que ses thèmes de prédilection, l’immigration, la sécurité, même s’ils sont centraux, ne suffisent pas à faire un programme crédible.

Elle a donc remisé sa promesse d’abandonner l’euro, et de sortir de l’Europe. Et elle potasse d’autres dossiers comme la défense et le nucléaire, sur lesquels on ne l’avait pas trop entendue jusque-là… Tout est donc fait pour que la finale de 2022 l’oppose à Emmanuel Macron. Sauf que…sauf que…

Les campagnes électorales ne se passent jamais comme prévu…

Exactement. Avec une opinion publique qui pourrait se rebeller contre ce pré-choix et faire émerger un nouveau Macron. Pas évident à ce stade. Reste un grain de sable qui pourrait faire dérailler ce scénario trop évident : le parti de Marine Le Pen est aux abois financièrement : une dette de 30 millions d’euros, des créanciers qui le pressent. Elle vient de relancer un appel aux dons de ses sympathisants. Mais rien ne dit à ce jour que ce mur de l’argent sera franchi.

C’est peut-être pour ça qu’en se déclarant candidate, Marine Le Pen a eu cette drôle de phrase : "Ma décision a été réfléchie, mais elle est prise". Un petit "mais" qui sonne bizarrement…