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Depuis qu’on connaît la date de sortie du confinement, le 11 Mai, on voit s’accélérer les réflexions sur les stratégies politiques de fin de crise. 

Oui, et c’est le cas sur tout l’échiquier politique. Il y avait, depuis le début de la crise, tous ceux qui s’étaient précipités pour expliquer que cette épidémie mondiale leur donnait raison, qu’il aurait fallu appliquer leur programme depuis des années, et que ça aurait évité la catastrophe. Par exemple qu’il aurait suffi de fermer les frontières, ou de rétablir l’ISF, ou d’augmenter le nombre de fonctionnaires, ou d’arrêter de prendre de l’avion et de manger de la viande. Evidemment, la plupart du temps, ces démonstrations ont fait flop.

Bon, ça, c’était pour essayer d’expliquer ce qu’il aurait fallu faire avant. Et pour l’après, qu’est-ce qui se prépare ?

La phrase type, celle qui sert en toute circonstance, c’est : « Plus rien ne sera comme avant ». Ce qui veut tout et rien dire. Ce qui est vrai, c’est que plusieurs aspects de la crise peuvent servir à articuler des éléments de programme pour l’après. Avec le manque de masques, de tests, de respirateurs, on touchera aux questions de souveraineté. Avec le sens du devoir des soignants, on regardera comment revaloriser ensuite leur travail et leur carrière. Après le drame des Ephad, on réactivera le sujet de la dépendance et du 4ème âge. Et le fait est que, au cœur même de la majorité, on voit monter une demande d’inflexion de la politique du gouvernement. Et comme d’habitude, cette demande est plutôt formulée par l’aile gauche des parlementaires de La République en Marche.

Et que va faire Emmanuel Macron ?

Il cogite. Il agite toutes sortes d’hypothèse. Non pas tellement sur l’orientation politique de sa dernière partie de quinquennat. Un de ses plus proches conseillers explique que pour lui, « ce n’est pas une question de virage à droite ou à gauche », et que les Français n’ont pas la tête à ça. Ce que cherche le chef de l’Etat, en ce moment, c’est davantage une méthode, une façon de gouverner. Une petite phrase, prononcée lundi soir devant 37 millions de téléspectateurs, a mis la puce à l’oreille : « Dans les prochaines semaines, avec toutes les composantes de notre nation, je tâcherai de dessiner le chemin ». Avec toutes les composantes de la nation, dit le chef de l’Etat, ce qu’un de ses intimes traduit par : il veut associer les partis, les Assemblées, bien sûr, mais aussi les associations, la vie civile, les ONG. C’est cette recherche d’unité qui est la clef…

Et que dit l’opposition ?

Après un premier moment de déstabilisation, elle s’est raidie. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et les socialistes ne suivront pas. Quant aux Républicains, ils ne sont pas enchantés, et l’heure n’est pas au gouvernement d’union. Et puis d’ailleurs, derrière qui, quel Premier ministre ? C’est l’autre question, classique dans ces moments de rupture politique et de changement de cycle : y aura-t-il remaniement ou pas ? Edouard Philippe est solide, loyal, très bon dans la gestion de crise, mais ça doit être, pour lui comme pour le Président, absolument exténuant. Alors, carte maîtresse ou pas ? Là aussi, ça va commencer à cogiter…